9) DERNIERES CHANSONS PAR J. BERTOLA

 

QUAND LES CONS SONT BRAVES


Sol                                          Ré7 Sol Do                                                Lam
Sans être tout à fait un imbécile fini,        Je n'ai rien du penseur, du phénix, du génie.
Si7                                                                   Mim  La7          Ré7            Sol     La7
Mais je n'suis pas le mauvais bougre et j'ai bon cœur, Et ça compense à la rigueur.

Refrain:
                                Ré                                                                                                                    Fa#7
Quand les cons sont braves, Comme moi, Comme toi, Comme nous, Comme vous, Ce n'est pas très grave.
                                                                                                             Sim                  Mi7             La7
Qu'ils commettent, Se permettent, Des bêtises, Des sottises, Qu'ils déraisonnent, Ils n'emmerdent personne.
                         Ré                                                                                                                        Fa#7
Par malheur sur terre, Les trois quarts, Des tocards, Sont des gens, Très méchants, Des crétins sectaires.
                                                                                                       Sim               Mi7               La7 Ré Ré7
Ils s'agitent, Ils s'excitent, Ils s'emploient, Ils déploient, Leur zèle à la ronde, Ils emmerdent tout l' monde.

Si le sieur X était un lampiste ordinaire, Il vivrait sans histoires avec ses congénères.
Mais hélas ! il est chef de parti, l'animal : Quand il débloque, ça fait mal !

Refrain

Si le sieur Z était un jobastre sans grade, Il laisserait en paix ses pauvres camarades.
Mais il est général, va-t-en-guerre, matamore. Dès qu'il s'en mêle, on compte les morts.

Refrain

Mon Dieu, pardonnez-moi si mon propos vous fâche, En mettant les connards dedans des peaux de vaches,
En mélangeant les genres, vous avez fait d'la terre, Ce qu'elle est : une pétaudière !

Refrain

 

MÉCHANTE AVEC DE JOLIS SEINS


Sib Solm          Rém          Solm            Rém        Solm    Do7       Fa     Rém          Solm Do7      Fa7
Hélas, si j'avais pu deviner que vos avantages, Cachaient sournoisement, madame, une foison d'oursins,
       Sib Rém         Solm           Dom             Fa7         Sib   Rém          Solm Ré7      Solm Fa7    Sib
J'eusse borné mon zèle à d'innocents marivaudages. Se peut-il qu'on soit si méchante avec de jolis seins ?
            Mib                                 Mibm          Sib  Ré7     Solm   Fa7             Sib  Fa7 Sib Ré7
Se peut-il qu'on soit si méchante avec de jolis seins, Si méchante avec de jolis seins ?

J'eusse borné mon zèle à d'innocents marivaudages, Ma main n'eût pas quitté même un instant le clavecin.
Je me fusse permis un madrigal, pas davantage. Se peut-il qu'on soit si méchante avec de jolis seins ?
Se peut-il qu'on soit si méchante avec de jolis seins, Si méchante avec de jolis seins ?

Quand on a comme vous reçu tant de grâce en partage, C'est triste au fond du cœur de rouler d'aussi noirs desseins.
Vous gâchez le métier de belle, et c'est du sabotage. Se peut-il qu'on soit si méchante avec de jolis seins ?
Se peut-il qu'on soit si méchante avec de jolis seins, Si méchante avec de jolis seins ?

Vous gâchez le métier de belle, et c'est du sabotage, Et je succombe ou presque sous votre charme assassin,
Moi qui vais tout à l'heure atteindre à la limite d'âge. Se peut-il qu'on soit si méchante avec de jolis seins ?
Se peut-il qu'on soit si méchante avec de jolis seins, Si méchante avec de jolis seins ?

Moi qui vais tout à l'heure atteindre à la limite d'âge, Mon ultime recours c'est d'entrer chez les capucins,
Car vous m'avez détruit, anéanti comme Carthage. Se peut-il qu'on soit si méchante avec de jolis seins ?
Se peut-il qu'on soit si méchante avec de jolis seins, Si méchante avec de jolis seins ?

 

DIEU S'IL EXISTE


Si              Fa#7  Si        Do#m   Si         Do#m Si   Fa#7
Au ciel de qui se moque-t-on ? Était-ce utile qu'un orage
        Si   Fa#7    Si      Do#m        Si                           Fa#7 Si
Vînt au pays de Jeanneton, Mettre à mal son beau pâturage ?
                                Do#m                    Si                      Do#m Fa#7
Pour ses brebis, pour ses moutons, Plus une plante fourragère,
                             Do#m          Si                             Fa#7 Si
Rien d'épargné que le chardon ! Dieu, s'il existe, il exagère,
           Fa#7 Si
Il exagère.

Et là-dessus, méchant, glouton, Et pas pour un sou bucolique,
Vers le troupeau de Jeanneton, Le loup sortant du bois rapplique.
Sans laisser même un rogaton, Tout il croque, tout il digère.
Au ciel de qui se moque-t-on ? Dieu, s'il existe, il exagère,
Il exagère.

Et là-dessus le Corydon, Le promis de la pastourelle,
Laquelle allait au grand pardon, Rêver d'amours intemporelles,
- Au ciel de qui se moque-t-on ? Suivit la cuisse plus légère
Et plus belle d'une goton. Dieu, s'il existe, il exagère,
Il exagère.

Adieu les prairies, les moutons, Et les beaux jours de la bergère.
Au ciel de qui se moque-t-on ? Ferait-on de folles enchères ?
Quand il grêle sur le persil, C'est bête et méchant, je suggère
Qu'on en parle au prochain concile. Dieu, s'il existe, il exagère,
Il exagère.

 

LE VIEUX NORMAND


Sim                                    Mim Mi7     La La7 Ré                         Mim               La
Depuis que je commence à faire de vieux os, Avide de conseils, souvent un jouvenceau
Lam         Fa#7 Si7               Mim                  Sim                       Fa#7                     Sim 
Me demande la marche à suivre et s'il est bon, D'aller par-ci, par-là, scrupuleux je réponds :
La7          Ré                  Sim     La             Ré              Sim        Fa#7
Crosse en l'air ou bien fleur au fusil, C'est à toi d'en décider, choisis !
         Sim            Mim            Fa#7             Sim  Fa#7            Sim Fa#7
A toi seul de trancher s'il vaut mieux, Dire « amen » ou « merde à Dieu ».

Et le brave petit blâme ma position, M'accuse de danser la valse hésitation.
Cet âge exècre l'attitude des Normands, Les seuls à lui parler en fait honnêtement.
Crosse en l'air ou bien fleur au fusil, C'est à toi d'en décider, choisis !
A toi seul de trancher s'il vaut mieux, Dire « amen » ou « merde à Dieu ».

Facile d'entraîner de jeunes innocents ! Puisqu'il est interdit d'interdire à présent,
Lors, en bonne justice, il est déconseillé, De donner des conseils, surtout s'ils sont payés.
Crosse en l'air ou bien fleur au fusil, C'est à toi d'en décider, choisis !
A toi seul de trancher s'il vaut mieux, Dire « amen » ou « merde à Dieu ».

A gauche, à droite, au centre ou alors à l'écart, Je ne puis t'indiquer où tu dois aller, car
Moi le fil d'Ariane me fait un peu peur, Et je ne m'en sers plus que pour couper le beurre.
Crosse en l'air ou bien fleur au fusil, C'est à toi d'en décider, choisis !
A toi seul de trancher s'il vaut mieux, Dire « amen » ou « merde à Dieu ».

Quand tous les rois Pétaud crient « Vive la république », Que « Mort aux vaches » même est un slogan de flic,
Que l'on parle de paix le cul sur des canons, Bienheureux celui qui s'y retrouve, moi non !
Crosse en l'air ou bien fleur au fusil, C'est à toi d'en décider, choisis !
A toi seul de trancher s'il vaut mieux, Dire « amen » ou « merde à Dieu ».

La vérité d'ailleurs flotte au gré des saisons. Tout fier dans son sillage, on part, on a raison.
Mais au cours du voyage, elle a viré de bord, Elle a changé de cap, on arrive : on a tort.
Crosse en l'air ou bien fleur au fusil, C'est à toi d'en décider, choisis !
         Sim            Mim            Fa#7             Sim  Fa#7            SiM  Mi Si
A toi seul de trancher s'il vaut mieux, Dire « amen » ou « merde à Dieu ».

 

LE PASSÉISTE


Ré                        Mim     Sim                La7       Ré               Mim                  La7      Ré
Tant pis si j'ai l'air infantile, Mais, par ma foi ! Ma phrase d'élection c'est : « Il, Etait une fois »
                          Mim                Sim          La7       Ré              Mim             La7      Ré
Et dans les salons où l'on cause, Tant pis si on, Fait le procès de ma morose, Délectation.
   Ré7                   Sol             Do#7             Fa#7          Si7              Mi7              Fa#m       Si7
Sitôt que je perds contenance, Au temps qui court, Lors, j'appelle les souvenances, A mon secours.
     Ré7               Sol                Do#7           Fa#7      Si7              Mi    Mim      La7       Ré
Ne vous étonnez pas, ma chère, Si vous trouvez, Les vers de jadis et naguère, A mon chevet.

Quitte à froisser la marguerite, Faut que je dise, Que tu es ma fleur favorite, Myosotis.
Si les neiges d'antan sont belles, C'est qu'les troupeaux, De bovins posent plus sur elles, Leurs gros sabots.
Au royaume des vieilles lunes, Que Copernic, M'excuse, pas d'ombre importune, Pas de spoutnik !
Le feu des étoiles éteintes, M'éclaire encore, Et j'entends l'Angélus qui tinte, Aux clochers morts.

Que les ans rongent mes grimoires, Ça ne fait rien, Mais qu'ils épargnent ma mémoire, Mon plus cher bien !
Que Dieu me frappe d'aphasie, D'influenza, Mais qu'il m'évite l'amnésie, Tout, mais pas ça !
Tant pis si j'ai l'air infantile, Mais, par ma foi ! Ma phrase d'élection c'est : « Il, Etait une fois. »
Tant pis si j'ai l'air infantile, Mais, par ma foi ! Ma phrase d'élection c'est : « Il, Etait une fois. »

 

CEUX QUI NE PENSENT PAS COMME NOUS


Do            La7              Rém        La7          Rém                 La7           Rém           La7     Rém
Quand on n'est pas d'accord avec le fort en thème, Qui, chez les sorbonnards, fit ses humanités,
            Ré7                                                      Fa                       Do            Sol7   Do
On murmure in petto : « C'est un vrai Nicodème, Un balourd, un bélître, un bel âne bâté. »
Moi qui pris mes leçons chez l'engeance argotique, Je dis en l'occurrence, excusez le jargon,
Si la forme a changé le fond reste identique : « Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons. »

Refrain :
                  La7                                              Ré
Entre nous soit dit, bonnes gens, Pour reconnaître
                      Ré7                              Sol7 Do
Que l'on n'est pas intelligent, Il faudrait l'être.
Entre nous soit dit, bonnes gens, Pour reconnaître
Que l'on n'est pas intelligent, Il faudrait l'être.

Jouant les ingénus, le père de Candide, Le génial Voltaire, en substance écrivit
Qu'il souffrait volontiers - complaisance splendide - Que l'on ne se conformât point à son avis.
« Vous proférez, Monsieur, des sottises énormes, Mais jusques à la mort, je me battrais pour qu'on
Vous les laissât tenir. Attendez-moi sous l'orme ! » « Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons. »

(Refrain)

Si ça n'entraîne pas une guerre civile, Quand un fâcheux me contrarie, c'est - soyons francs -
Un peu par sympathie, par courtoisie servile, Un peu par vanité d'avoir l'air tolérant,
Un peu par crainte aussi que cette grosse bête, Prise à rebrousse-poil ne sorte de ses gonds
Pour mettre à coups de poing son credo dans ma tête. « Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons. »

(Refrain)

La morale de ma petite ritournelle, Il semble superflu de vous l'expliciter.
Elle coule de source, elle est incluse en elle : Faut choisir entre deux éventualités.
En fait d'alternative, on fait pas plus facile. Ceux qui l'aiment, parbleu, sont des esprits féconds,
Ceux qui ne l'aiment pas, de pauvres imbéciles. « Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons. »

 

LA NYMPHOMANE


Ré                                                                       La7                              Ré        La7
Mânes de mes aïeux, protégez-moi, bons mânes ! Les joies charnelles me perdent,
Ré                                                                  La7                                Ré         La7 Ré
La femme de ma vie, hélas ! est nymphomane, Les joies charnelles m'emmerdent. {2x}

Sous couleur de me donner une descendance, Les joies charnelles me perdent,
Dans l'alcôve elle me fait passer mon existence, Les joies charnelles m'emmerdent. {2x}

J'ai beau demander grâce, invoquer la migraine, Les joies charnelles me perdent,
Sur l'autel conjugal, implacable, elle me traîne, Les joies charnelles m'emmerdent. {2x}

Et je courbe l'échine en déplorant, morose, Les joies charnelles me perdent,
Qu'on trouve plus les enfants dans les choux, dans les roses, Les joies charnelles m'emmerdent. {2x}

Et je croque la pomme, après quoi, je dis pouce. Les joies charnelles me perdent,
Quand la pomme est croquée, de plus belle elle repousse, Les joies charnelles m'emmerdent. {2x}

Métamorphose inouïe, métempsycose infâme, Les joies charnelles me perdent,
C'est le tonneau des Danaïdes changé en femme, Les joies charnelles m'emmerdent. {2x}

J'en arrive à souhaiter qu'elle se dévergonde, Les joies charnelles me perdent,
Qu'elle prenne un amant ou deux qui me secondent, Les joies charnelles m'emmerdent. {2x}

Or, malheureusement, la bougresse est fidèle, Les joies charnelles me perdent,
Pénélope est une roulure à côté d'elle, Les joies charnelles m'emmerdent. {2x}

Certains à coups de dents creusent leur sépulture, Les joies charnelles me perdent,
Moi j'use d'un outil de tout autre nature, Les joies charnelles m'emmerdent. {2x}

Après que vous m'aurez emballé dans la bière, Les joies charnelles me perdent,
Prenez la précaution de bien sceller la pierre, Les joies charnelles m'emmerdent. {2x}

Car, même mort, je devrais céder à ses rites, Les joies charnelles me perdent,
Et mes os n'auraient pas le repos qu'ils méritent, Les joies charnelles m'emmerdent. {2x}

Qu'on m'incinère plutôt ! Elle n'os'ra pas descendre, Les joies charnelles me perdent,
Sacrifier à Vénus, avec ma pauvre cendre, Les joies charnelles m'emmerdent. {2x}

Mânes de mes aïeux, protégez-moi, bons mânes ! Les joies charnelles me perdent,
La femme de ma vie, hélas ! est nymphomane, Les joies charnelles m'emmerdent. {2x}

 

CLAIRETTE ET LA FOURMI


Ré                                  Si7            Mim Sim Fa#7
J'étais pas l'amant de Clairette, Mais son ami.
          Sim                                 La        La7
De jamais lui conter fleurette, J'avais promis.
             Ré7                                            Sol        Si7  Mim
Un jour qu'on gardait ses chevrettes, Aux champs, parmi
             Mi7                            La7       Ré    Si7
L'herbe tendre et les pâquerettes, Elle s'endormit.
             Mi7                                     La7       Ré
L'herbe tendre et les pâquerettes, Elle s'endormit.

Durant son sommeil, indiscrète, Une fourmi
Se glissa dans sa collerette, Quelle infamie !
Moi, pour secourir la pauvrette, Vite je mis
Ma patte sur sa gorgerette : Elle a blêmi.
Ma patte sur sa gorgerette : Elle a blêmi. Crime de lèse-bergerette, J'avais commis.
Par des gifles que rien n'arrête, Je suis puni,
Et pas des gifles d'opérette, Pas des demies.
J'en ai gardé belle lurette, Le cou démis.
J'en ai gardé belle lurette, Le cou démis. Quand j'ai tort, moi, qu'on me maltraite, D'accord, admis !
Mais quand j'ai rien fait, je regrette, C'est pas permis.
Voilà qu'à partir je m'apprête, Sans bonhomie,
C'est alors que la guillerette, Prend l'air soumis.
C'est alors que la guillerette, Prend l'air soumis. Elle dit, baissant les mirettes : « C'est moi qui ai mis,
Au-dedans de ma collerette, Cette fourmi ».
Les clés de ses beautés secrètes, Elle m'a remis.
Le ciel me tombe sur la crête, Si l'on dormit.
Le ciel me tombe sur la crête, Si l'on dormit. Je suis plus l'ami de Clairette, Mais son promis.
Je ne lui contais pas fleurette, Je m'y suis mis.
De jour en jour notre amourette, Se raffermit.
Dieu protège les bergerettes, Et les fourmis !
Dieu protège les bergerettes, Et les fourmis !

 

ENTRE LA RUE DIDOT ET LA RUE DE VANVES


Do                  Rém     Sol7             Do                                    Sol7     Do
Voici ce qu'il advint, jadis grosso modo, entre la rue Didot et la rue de Vanves
Fa Ré#dim             Mim      La7        Rém      Sol7           La7
Dans les années quarante où je débarquais de mon Languedo
Rém    Sol7     Do      Rém Lam Sol7 Do
Entre la rue de Vanves et la rue Didot

Passait une belle gretchen, au carrefour du château, entre la rue Didot et la rue de Vanves
Callipyge à prétendre jouer les Vénus chez les Hottentots
Entre la rue de Vanves et la rue Didot

En signe d'irrespect, je balance aussitôt, entre la rue Didot et la rue de Vanves
En geste de revanche une patte croche au bas de son dos
Entre la rue de Vanves et la rue Didot

La souris grise se fâche, et subito presto, entre la rue Didot et la rue de Vanves
La conne la méchante va d'mander ma tête à ses p'tits poteaux
Entre la rue de Vanves et la rue Didot

Deux sbires sont venus, avec leur noirs manteaux, entre la rue Didot et la rue de Vanves
Se pointer dans mon antre et sûrement pas pour m'faire de cadeaux
Entre la rue de Vanves et la rue Didot

J'étais alors en train, de suer sang et eau, entre la rue Didot et la rue de Vanves
De m'user les phalanges sur un chouette accord du Père Django
Entre la rue de Vanves et la rue Didot

Par un heureux hasard, ces enfants de salauds, entre la rue Didot et la rue de Vanves
Un sacré coup de chance aimaient la musique et les trémolos
Entre la rue de Vanves et la rue Didot

Ils s'en sont retournés, sans finir leur boulot, entre la rue Didot et la rue de Vanves
Fredonnant un mélange de Lily Marlène et d'Heïli Heïlo
Entre la rue de Vanves et la rue Didot

Une supposition, qu'ils aient comme Malraux, entre la rue Didot et la rue de Vanves
Qu'ils aient comme ce branque compté la musique pour moins que zéro
Entre la rue de Vanves et la rue Didot

M'auraient collé au mur, avec ou sans bandeau, entre la rue Didot et la rue de Vanves
On lirait quelle navrance mon blase inconnu dans un ex-voto
Entre la rue de Vanves et la rue Didot

Au théâtre ce soir, ici sur ces tréteaux, entre la rue Didot et la rue de Vanves
Poussant une autre goualante y'aurait à ma place un autre cabot
Entre la rue de Vanves et la rue Didot

 

L'ANDROPAUSE


Sol                                                                       Do                         Sol                    La7 Ré
Aux quatre coins de France, émanant je suppose, De maris rancuniers par la haine conduits,
Sol                                     Sol                              Si7                            Mim La7     Ré7         Sol  Ré7  
Le bruit court que j'atteins l'heure de l'andropause, Qu'il ne faut plus compter sur moi dans le déduit.

Ô n'insultez jamais une verge qui tombe ! Ce n'est pas leur principe, ils crient sur tous les tons
Que l'une de mes deux est déjà dans la tombe, Et que l'autre à son tour file un mauvais coton. Tous ces empanachés bêtement se figurent, Qu'un membre de ma famille est à jamais perclus,
Que le fameux cochon, le pourceau d'Epicure, Qui sommeillait en moi ne s'éveillera plus. Ils me croient interdit de séjour à Cythère, Et, par les nuits sans lune avec jubilation,
Ils gravent sur mon mur en style lapidaire : « Ici loge un vieux bouc qui n'a plus d'érections ! » Ils sont prématurés, tous ces cris de victoire, Ô vous qui me plantez la corne dans le dos,
Sachez que vous avez vendu les génitoires, Révérence parler, de l'ours un peu trop tôt. Je n'ai pas pour autant besoin de mandragore, Et vos femmes, messieurs, qu'ces jours-ci j'ai reçues,
Que pas plus tard qu'hier je contentais encore, Si j'n'ai plus d'érections, s'en fussent aperçues. A l'hôpital Saint-Louis, l'autre jour, ma parole, Le carabin m'a dit : « On ne peut s'y tromper,
En un mot comme en cent, monsieur, c'est la vérole. » Si j'n'ai plus d'érections, comment l'ai-je attrapée ? Mon plus proche voisin n'aime que sa légitime, Laquelle, épouse modèle, n'a que moi pour amant.
Or tous deux d'la vérole, ils sont tombés victimes. Si j'n'ai plus d'érections, expliquez-moi comment ? Mes copains, mon bassiste et tous ceux de la troupe, En souffrirent bientôt, nul n'en fut préservé.
Or je fus le premier à l'avoir dans le groupe. Si j'n'ai plus d'érections, comment est-ce arrivé ? Minotaures méchants, croyez-vous donc qu'à braire, Que mon train de plaisir arrive au terminus,
Vous me cassiez mes coups ? Au contraire, au contraire, Je n'ai jamais autant sacrifié à Vénus ! Tenant à s'assurer si ces bruits qu'on colporte, Ces potins alarmants sont ou sont pas fondés,
Ces dames nuit et jour font la queue à ma porte, Poussées par le démon de la curiosité. Et jamais, non jamais, soit dit sans arrogance, Mon commerce charnel ne fut plus florissant.
Et vous, pauvres de vous, par voie de conséquence, Vous ne fûtes jamais plus cocus qu'à présent. Sol                          Sol7M            Sol7   Do                                                  Dom  Sol                La7 Ré
Certes, elle sonnera cette heure fatidique, Où perdant toutes mes facultés génétiques, Je serai sans émoi,
Sol                         Sol7M              Sol7   Do                                Si7                         Mim  La7         Ré7      Sol Ré7
Où le septième ciel, ma plus chère ballade, Ma plus douce grimpette et plus tendre escalade, Sera trop haut pour moi. Il n'y aura pas de pleurs dans les gentilhommières, Ni de grincements de fesses dans les chaumières, Faut pas que je me leurre.
Peu de chances qu'on voie mes belles odalisques, Déposer en grand deuil au pied de l'obélisque, Quelques gerbes de fleurs. Tout au plus gentiment diront-elles : « Peuchère, Le vieux Priape est mort », et, la cuisse légère, Le regard alangui,
Elles s'en iront vous rouler dans la farine, De safran, tempérer leur fureur utérine, Avec n'importe qui. Et vous regretterez les manières civiles, De votre ancien rival qui, dans son baise en ville, Apportait sa guitare
Et faisait voltiger en gratouillant les cordes, Des notes de musiques à l'entour de vos cornes. Mais il sera trop tard !

 

ENTRE L'ESPAGNE ET L'ITALIE


La                          Mi7               La                           Mi7
Le géographe était pris de folie, Quand il imagina de tendre,
La                                           Mi7         La             Mi7
Tout juste entre l'Espagne et l'Italie, Ma carte du Tendre.
          La7                           Ré                   Sib                             La
Avec moi Cupidon se surmène, Dans mon cœur d'artichaut il piqua
           La7                                        Ré                 Rém                             Mi7
Deux flèches : l'une au nom de Carmen(e), La seconde au nom de Francesca.

Les soirs de bal, j'enlace tour à tour, Je fais danser chacune d'elles :
Un pied pour la séguedille, un pied pour, La gaie tarentelle.
Avec moi Cupidon se surmène, Dans mon cœur d'artichaut il piqua
Deux flèches : l'une au nom de Carmen(e), La seconde au nom de Francesca. Sans guère songer à ce que demain, Le coquin de sort me destine,
J'avance en tenant ferme à chaque main, Mes deux sœurs latines.
Avec moi Cupidon se surmène, Dans mon cœur d'artichaut il piqua
Deux flèches : l'une au nom de Carmen(e), La seconde au nom de Francesca. Si jamais l'une d'elles un jour apprend, Qu'elle n'est pas tout à fait seule,
J'ai plus qu'à courir chez le tisserand, Choisir un linceul
Avec moi Cupidon se surmène, Dans mon cœur d'artichaut il piqua
Deux flèches : l'une au nom de Carmen(e), La seconde au nom de Francesca. On me verrait pris dans cette hypothèse Entre deux mégères ardentes,
Entre deux feux : l'enfer de Cervantès Et l'enfer de Dante !
Avec moi Cupidon se surmène, Dans mon coeur d'artichaut il piqua
Deux flèches : l'une au nom de Carmen(e), La seconde au nom de Francesca. Devant la faucheuse s'il faut plus tard, Pauvre de moi, que je m'incline,
Qu'on me porte en terre au son des guitares Et des mandolines !
La7                           Ré                   Sib                             La
Avec moi Cupidon se surmène, Dans mon coeur d'artichaut il piqua
La7                                        Ré                           Sim                 Mi7          La
Deux flèches : l'une au nom de Carmen(e), La seconde au nom de Francesca.

 

LA MAÎTRESSE D'ÉCOLE


(Le rythme est un peu inhabituel, mais il vaut la peine de s'y attarder)

intro : Min Sim en alternance

Mim            Sim                      Mim Sim Mim                   Sim                 La7 Ré7
A l'école où nous avons appris l'A B C, La maîtresse avait des méthodes avancées.
Sol                           Mim             Lam           Si7 Sol                   Mim               Si7   Mim La7 Ré7 Sol
Comme il fut doux le temps, bien éphémère, hélas, Où cette bonne fée régna sur notre classe, (bis)

Mim            Sim                      Mim Sim Mim                   Sim                 La7 Ré7
Avant elle, nous étions tous des paresseux, Des lève-nez, des cancres, des crétins crasseux.
Sol                           Mim             Lam           Si7 Sol                   Mim               Si7   Mim La7 Ré7 Sol
En travaillant exclusivement que pour nous, Les marchands d'bonnets d'âne étaient sur les genoux, (bis)

Mim            Sim                      Mim Sim Mim                   Sim                 La7 Ré7
La maîtresse avait des méthodes avancées : Au premier de la classe elle promit un baiser,
Sol                           Mim             Lam           Si7 Sol                   Mim               Si7   Mim La7 Ré7 Sol
Un baiser pour de bon, un baiser libertin, Un baiser sur la bouche, enfin bref, un patin, (bis)

Mim            Sim                      Mim Sim Mim                   Sim                 La7 Ré7
Aux pupitres d'alors, quelque chose changea, L'école buissonnière n'eut plus jamais un chat.
Sol                           Mim             Lam           Si7 Sol                   Mim               Si7   Mim La7 Ré7 Sol
Et les pauvres marchands de bonnets d'âne, crac ! Connurent tout à coup la faillite, le krach, (bis)

Mim            Sim                      Mim Sim Mim                   Sim                 La7 Ré7
Lorsque le proviseur, à la fin de l'année, Nous lut les résultats, il fut bien étonné.
Sol                           Mim             Lam           Si7 Sol                   Mim               Si7   Mim La7 Ré7 Sol
La maîtresse, elle, rougit comme un coquelicot, Car nous étions tous prix d'excellence ex aequo, (bis)

Mim            Sim                      Mim Sim Mim                   Sim                 La7 Ré7
A la récréation, la bonne fée se mit, En devoir de tenir ce qu'elle avait promis.
Sol                           Mim             Lam           Si7 Sol                   Mim               Si7   Mim La7 Ré7 Sol
Et comme elle embrassa quarante lauréats, Jusqu'à une heure indue la séance dura, (bis)

Mim            Sim                      Mim Sim Mim                   Sim                 La7 Ré7
Ce système bien sûr ne fut jamais admis, Par l'imbécile alors recteur d'académie.
Sol                           Mim             Lam           Si7 Sol                   Mim               Si7   Mim La7 Ré7 Sol
De l'école, en dépit de son beau palmarès, On chassa pour toujours notre chère maîtresse, (bis)

Mim            Sim                      Mim Sim Mim                   Sim                 La7 Ré7
Le cancre fit alors sa réapparition, Le fort en thème est redevenu l'exception.
Sol                           Mim             Lam           Si7 Sol                   Mim               Si7   Mim La7 Ré7 Sol
A la fin de l'année suivante, quel fiasco ! Nous étions tous derniers de la classe ex aequo, (bis)

Mim            Sim                      Mim Sim Mim                   Sim                 La7 Ré7
A l'école où nous avons appris l'A B C, La maîtresse avait des méthodes avancées.
Sol                           Mim             Lam           Si7 Sol                   Mim               Si7   Mim La7 Ré7 Sol
Comme il fut doux le temps bien éphémère, hélas ! Où cette bonne fée régna sur notre classe, (bis)

 

CE N'EST PAS TOUT D'ÊTRE MON PÈRE


Ré                                   La7  Ré                          La7
Du fait qu'un couple de fieffés, Minables a pris le café
Ré                                        La7      Sol           Ré    Sol         Ré
Du pauvre, on naît et nous voilà, Contraints d'estimer ces gens-là.
Ré                                        La7  Ré                                    La7
Parce qu'un minus de cinq à sept, Chevauche une pauvre mazette
Ré                             La7    Sol      Ré       Sol         Ré
Qui resta froide, sortit du, Néant un qui n'aurait pas dû.
Mim Mi#dim Ré    Si7                     Mim La7       Ré Si7
Ce n'est pas tout d'être mon père, Il faut aussi me plaire.
Mim Mi#dim Ré       Si7                  Mim   La7  Ré
Être mon fils ce n'est pas tout, Il faut me plaire itou.
Mim Mi#dim Ré    Si7                Mim      La7    Ré Si7
Trouver son père sympathique, C'est pas automatique.
Mim Mi#dim Ré     Si7              Mim     La7   Ré
Avoir un fils qui nous agrée, Ce n'est pas assuré.

Quand on s'avise de venir, Sur terre, il faut se prémunir
Contre la tentation facile, D'être un rejeton d'imbécile.
Ne pas mettre au monde un connard, C'est malcommode et c'est un art
Que ne pratique pas souvent, La majorité des vivants.
Ce n'est pas tout d'être mon père, Il faut aussi me plaire.
Être mon fils ce n'est pas tout, Il faut me plaire itou.
Trouver son père sympathique, C'est pas automatique.
Avoir un fils qui nous agrée, Ce n'est pas assuré.

L'enfant naturel, l'orphelin, Est malheureux et je le plains,
Mais, du moins, il n'est pas tenu, Au respect d'un père inconnu.
Jésus, lui, fut plus avisé, Et plutôt que de s'exposer
A prendre un crétin pour papa, Il aima mieux n'en avoir pas.
Ce n'est pas tout d'être mon père, Il faut aussi me plaire.
Être mon fils ce n'est pas tout, Il faut me plaire itou.
Trouver son père sympathique, C'est pas automatique.
Avoir un fils qui nous agrée, Ce n'est pas assuré.

C'est pas un compte personnel, Que je règle ; mon paternel,
Brave vieux, me plaisait beaucoup, Était tout à fait à mon goût.
Quant à moi qui, malgré des tas, De galipettes de fada,
N'ai point engendré de petits, J'n'ai pas pu faire d'abrutis.
Ce n'est pas tout d'être mon père, Il faut aussi me plaire.
Être mon fils ce n'est pas tout, Il faut me plaire itou.
Trouver son père sympathique, C'est pas automatique.
Avoir un fils qui nous agrée, Ce n'est pas assuré.

 

LE SCEPTIQUE


Fa#m                         Sim                                                      Fa#m
Imitant Courteline, un sceptique notoire, Manifestant ainsi que l'on me désabuse,
      Fa#m                Sim                                                       Fa#m
J'ai des velléités d'arpenter les trottoir(e)s, Avec cette devise écrite à mon gibus :
     Do#7                         Fa#m                        Do#7 Fa#m Do#7
Je ne crois pas un mot de toutes ces histoires.

Dieu, diable, paradis, enfer et purgatoire, Les bons récompensés et les méchants punis,
Et le corps du Seigneur dans le fond du ciboire, Et l'huile consacrée comme le pain bénit,
Je ne crois pas un mot de toutes ces histoires.

Et la bonne aventure et l'art divinatoire, Les cartes, les tarots, les lignes de la main,
La clé des songes, le pendule oscillatoire, Les astres indiquant ce que sera demain,
Je ne crois pas un mot de toutes ces histoires.

Les preuves à l'appui, les preuves péremptoires, Témoins dignes de foi, metteurs de mains au feu,
Et le respect de l'homme à l'interrogatoire, Et les vérités vraies, les spontanés aveux,
Je ne crois pas un mot de toutes ces histoires.

Le bagne, l'échafaud entre autres exutoires, Et l'efficacité de la peine de mort,
Le criminel saisi d'un zèle expiatoire, Qui bat sa coulpe bourrelé par le remords,
Je ne crois pas un mot de toutes ces histoires.

Sur les tombeaux les oraisons déclamatoires, Les : « C'était un bon fils, bon père, bon mari »,
« Le meilleur d'entre nous et le plus méritoire », « Un saint homme, un cœur d'or, un bel et noble esprit »
Je ne crois pas un mot de toutes ces histoires.

Les « Saint-Jean bouche d'or », les charmeurs d'auditoire, Les placements de sentiments de tout repos,
Et les billevesées de tous les répertoires, Et les morts pour que naisse un avenir plus beau,
Je ne crois pas un mot de toutes ces histoires.

Mais j'envie les pauvres d'esprit pouvant y croire.

 

RETOUCHES À UN ROMAN D'AMOUR DE QUATRE SOUS


Do#m                             Sol#m                Do#m Sol#m      Do#m Si7
Madame, même à quatre sous, Notre vieux roman d'amour sou-
  Mi                                Si       Mi                           Sol#7
Ffrirait certes quelque mévente. Il fut minable. Permettez
Do#m                  Sol#m       Do#m Sol#m Do#m 
Que je farde la vérité, La réinvente, La réinvente.

On se rencontra dans un car, Nous menant en triomphe au quart,
Une nuit de rafle à Pigalle. Je préfère affirmer, sang bleu !
Que l'on nous présenta chez le, Prince de Galles, Prince de Galles.

Oublions l'hôtel mal famé, L'hôtel borgne où l'on s'est aimés.
Taisons-le, j'aurais bonne mine. Il me paraît plus transcendant
De situer nos ébats dans, Une chaumine, Une chaumine.

Les anges volèrent bien bas, Leurs soupirs ne passèrent pas
L'entresol, le rez-de-chaussée. Forçons la note et rehaussons
Très au-delà du mur du son, Leur odyssée, Leur odyssée.

Ne laissons pas, quelle pitié ! Notre lune de miel quartier
De la zone. Je préconise, Qu'on l'ait vécue en Italie,
Sous le beau ciel de Napoli, Ou de Venise, Ou de Venise.

Un jour votre cœur se lassa, Et vous partîtes, passons ça
Sous silence, en claquant la porte. Marguerite, soyons décents,
Racontons plutôt qu'en toussant, Vous êtes morte, Vous êtes morte.

Deux années après, montre en main, Je me consolais, c'est humain,
Avec une de vos semblables. Je joue, ça fait un effet bœuf,
Le veuf toujours en deuil, le veuf, Inconsolable, Inconsolable.

C'est la revanche du vaincu, C'est la revanche du cocu,
D'agir ainsi dès qu'il évoque, Son histoire. Autant qu'il le peut,
Il tâche de la rendre un peu, Moins équivoque, Moins équivoque.

 

LE PÊCHEUR


Sim                                                                        Sol Fa#7          Sim                   Si7
On dirait un fanatique, De la cause halieutique, Avec sa belle canne et, Son moulinet.
             Mim                                     La7             Ré             Sol                  Mim6         Fa#7           Sim Mim6 Fa#7
Mais s'il pêche, c'est pour rire, Et l'on peut être certain, Que jamais sa poêle à frire, Vit le plus menu fretin.

La pêche, à ce qu'on raconte, Pour lui n'est en fin de compte, Qu'un prétexte, un alibi, On connaît pis
Un truc, un moyen plausible, De fuir un peu son chez-soi, Où sévit la plus nuisible, Des maritornes qui soient.

Avec une joie maligne, Il monte au bout de sa ligne, Tout un tas d'objets divers, Des bouts de fer,
Des paillassons, des sandales, Des vieilles chaussettes à clous, Des noyés faisant scandale, Aussitôt qu'on les renfloue.

Si, déçu par une blonde, Pensant faire un trou dans l'onde, Tu tiens plus à te noyer, Qu'à te mouiller,
Désespéré, fais en sorte, D'aller piquer ton plongeon, De peur qu'il ne te ressorte, A l'écart de son bouchon.

Quand un goujon le taquine, Qu'un gardon d'humeur coquine, Se laisse pour badiner, Hameçonner,
Le bonhomme lui reproche, Sa conduite puérile, Puis à sa queue il accroche, Un petit poisson d'avril.

Mais s'il attrape une ondine, L'une de ces gourgandines, Femme mi-chair mi-poisson, Le polisson
Coup de théâtre, dévore, Tout cru le bel animal : Une cure de phosphore, Ça peut pas faire de mal.

Quand il mourra, quand la Parque, L'emmènera dans sa barque, En aval et en amont, Truites, saumons,
Le crêpe à la queue sans doute, L'escorteront chagrinés, Laissant la rivière toute, Vide, désempoissonnée.

Lors, tombés dans la disette, Repliant leurs épuisettes, Tout penauds, tout pleurnicheurs, Les vrais pêcheurs
Rentreront chez eux bredouilles, Danser devant le buffet, Se faisant traiter d'andouilles, Par leur compagne. Bien fait !