8) TEMPETE DANS UN BENITIER

 

TROMPE LA MORT


Sim                    Ré   Mi   Sol                              Fa#7 Sim                                                             La7   Ré  Fa#7
Avec cette neige à foison, Qui coiffe, coiffe ma toison, On peut me croire à vue de nez, Blanchi sous le harnais
Sim                        Ré       Mi        Sol                                          Fa#7 Sim                                              Fa#7       Sim Si7
Eh bien, Mesdames et Messieurs, C'est rien que de la poudre aux yeux, C'est rien que de la comédie, Que de la parodie
Mim                                     La7  Ré                                 Si7    Mim                                  La7   Ré                               Si7
C'est pour tenter de couper court, A l'avance du temps qui court, De persuader ce vieux goujat, Que tout le mal est fait déjà
Mim                                La7 Ré                                         Fa#7 Si7                        Mi                   Mim Fa#7  Sim
Mais dessous la perruque j'ai, Mes vrais cheveux couleur de jais, C'est pas demain la veille, bon Dieu ! De mes adieux

Et si j'ai l'air moins guilleret, Moins solide sur mes jarrets, Si je chemine avec lenteur, D'un train de sénateur
N'allez pas dire « Il est perclus », N'allez pas dire « Il n'en peut plus », C'est rien que de la comédie, Que de la parodie
Histoire d'endormir le temps, Calculateur impénitent, De tout brouiller, tout embrouiller, Dans le fatidique sablier
En fait, à l'envers du décor, Comme à vingt ans, je trotte encore, C'est pas demain la veille, bon Dieu, De mes adieux

Et si mon cœur bat moins souvent, Et moins vite qu'auparavant, Si je chasse avec moins de zèle, Les gentes demoiselles
Pensez pas que je sois blasé, De leurs caresses, leurs baisers, C'est rien que de la comédie, Que de la parodie
Pour convaincre le temps berné, Qu'mes fêtes galantes sont terminées, Que je me retire en coulisse, Que je n'entrerai plus en lice
Mais je reste un sacré gaillard, Toujours actif, toujours paillard, C'est pas demain la veille, bon Dieu, De mes adieux

Et si jamais au cimetière, Un de ces quatre, on porte en terre, Me ressemblant à s'y tromper, Un genre de macchabée
N'allez pas noyer le souffleur, En lâchant la bonde à vos pleurs, Ce sera rien que comédie, Rien que fausse sortie
Et puis, coup de théâtre, quand, Le temps aura levé le camp, Estimant que la farce est jouée, Moi tout heureux, tout enjoué
J'm'exhumerai du caveau, Pour saluer sous les bravos, C'est pas demain la veille, bon Dieu, De mes adieux

 

LES RICOCHETS


Lam / Mi7en alternance … Lam La7 / Rém en alternance … Sol Do Mi7 Lam Fa Mi7 Lam

J'avais dix-huit ans tout juste et quittant ma ville natale
Un beau jour, o gué je vins débarquer dans la capitale
J'entrai pas aux cris d' « A nous deux Paris » en Ile-de-France
Que ton Rastignac n'ait cure, Balzac ! De ma concurrence (bis)

Gens en place, dormez sans vous alarmer, rien ne vous menace
Ce n'est qu'un jeune sot qui monte à l'assaut du p'tit montparnasse
On n'sétonnera pas si mes premiers pas tout droit me menèrent
Au pont Mirabeau pour un coup de chapeau à l'Apolinaire (bis)

Bec enfariné pouvais-je deviner le remue-ménage
Que dans mon destin causerait soudain ce p&egrace;lerinage ?
Que circonvenu mon cœur ingénu allait faire des siennes
Tomber amoureux de sa toute pre-mière Parisienne.(bis)

N'anticipons pas, sur la berge en bas tout contre une pile,
La belle tâchait d' faire des ricochets d'une main malhabile
Moi, dans ce temps-là je n'dis pas cela en bombant le torse,
L'air avantageux j'étais à ce jeu de première force. (bis)

Tu m' donnes un baiser, ai-je proposé à la demoiselle;
Et moi, sans retard j't'apprends de cet art toutes les ficelles.
Affaire conclue, en une heure elle eut, l'adresse requise.
En échange, moi j'cueillis plein d'émoi ses lèvres exquises. (bis)

Et durant un temps les journaux d'antan d'ailleurs le relatent
Fallait se lever matin pour trouver une pierre plate.
On redessina du pont d'Iena au pont Alexandre
Jusqu'à Saint-Michel, mais à notre échelle, la carte du tendre. (bis)

Mais c'était trop beau : au pont Mirabeau la belle volage
Un jour se perchait sur un ricochet et gagnait le large.
Elle me fit faux bond pour un vieux barbon, la petite ingrate,
Un Crésus vivant détail aggravant sur la rive droite. (bis)

J'en pleurai pas mal, le flux lacrymal me fit la quinzaine.
Au viaduc d'Auteuil parait qu'a vue d'œil grossissait la Seine.
Et si, pont d'l'Alma, j'ai pas noyé ma détresse ineffable,
C'est qu' l'eau coulant sous les pieds du zouzou était imbuvable. (bis)

Et qu' j'avais acquis cette conviction qui du reste me navre
Que mort ou vivant ce n'est pas souvent qu'on arrive au havre.
Nous attristons pas, allons de ce pas donner, débonnaires,
Au pont Mirabeau un coup de chapeau à l'Apollinaire. (bis)

 

TEMPÊTE DANS UN BÉNITIER


Ré                                              Sol     Sim          Fa#7  Mi7   Lam                  Si7                Mi7         La7        Ré  Mi
Tempête dans un bénitier, Le souverain pontife avecque, Les évêques, les archevêques, Nous font un satané chantier
La                  Mi7           La                          Mi7       La                                               Fa#7               Sim
Ils ne savent pas ce qu'ils perdent, Tous ces fichus calotins, Sans le latin, sans le latin, La messe nous emmerde
         Fa#7  Sim                             Fa#7            Sim                                                Mi7    Mi5+   La
A la fête liturgique, Plus de grandes pompes, soudain, Sans le latin, sans le latin, Plus de mystère magique
          Mi7            La                   Mi7       La                                             La7                 Ré
Le rite qui nous envoûte, S'avère alors anodin, Sans le latin, sans le latin, Et les fidèles s'en foutent
Ladim                                   Do#m                    Fa#7 Si7                                               Mi7         La
O très Sainte Marie mère de, Dieu, dites à ces putains, De moines qu'ils nous emmerdent, Sans le latin

Je ne suis pas le seul, morbleu, Depuis que ces règles sévissent, A ne plus me rendre à l'office, Dominical que quand il pleut
Il ne savent pas ce qu'ils perdent, Tous ces fichus calotins, Sans le latin, sans le latin, La messe nous emmerde
En renonçant à l'occulte, Faudra qu'ils fassent tintin, Sans le latin, sans le latin, Pour le denier du culte
A la saison printanière, Suisse, bedeau, sacristain, Sans le latin, sans le latin, F'ront l'église buissonnière
O très Sainte Marie mère de, Dieu, dites à ces putains, De moines qu'ils nous emmerdent, Sans le latin.

Ces oiseaux sont des enragés, Ces corbeaux qui scient, rognent, tranchent, La saine et bonne vieille branche, De la croix où ils sont perchés
Ils ne savent pas ce qu'ils perdent, Tous ces fichus calotins, Sans le latin, sans le latin, La messe nous emmerde
Le vin du sacré calice, Se change en eau de boudin, Sans le latin, sans le latin, Et ses vertus faiblissent
A Lourdes, Sète ou bien Parme, Comme à Quimper Corentin, Le presbytère sans le latin, A perdu de son charme
O très Sainte Marie mère de, Dieu, dites à ces putains, De moines qu'ils nous emmerdent, Sans le latin

 

BOULEVARD DU TEMPS QUI PASSE


Rém              Sol7           Do7                       Fa7              Sib                                     La7
A peine sortis du berceau, Nous sommes allés faire un saut, Au boulevard du temps qui passe,
Rém                      Sol7      Do7                         Fa7                 Sib                        La7    Rém
En scandant notre « Ça ira », Contre les vieux, les mous, les gras, Confinés dans leurs idées basses.

On nous a vus, c'était hier, Qui descendions, jeunes et fiers, Dans une folle sarabande,
En allumant des feux de joies, En alarmant les gros bourgeois, En piétinant leurs plates-bandes.

Jurant de tout remettre à neuf, De refaire quatre-vingt neuf, De reprendre un peu la Bastille,
Nous avons embrassé, goulus, Leurs femmes qu'ils ne touchaient plus, Nous avons fécondé leurs filles.

Dans la mare de leurs canards, Nous avons lancé, goguenards, Force pavés, quelle tempête !
Nous n'avons rien laissé debout, Flanquant leurs credos, leurs tabous, Et leurs dieux, cul par-dessus tête.

Quand sonna le « cessez le feu », L'un de nous perdait ses cheveux, Et l'autre avait les tempes grises.
Nous avons constaté soudain, Que l'été de la Saint Martin, N'est pas loin du temps des cerises.

Alors, ralentissant le pas, On fit la route à la papa, Car, braillant contre les ancêtres,
La troupe fraîche des cadets, Au carrefour nous attendait, Pour nous envoyer à Bicêtre.

Tous ces gâteux ces avachis, Ces pauvres sépulcres blanchis, Chancelant dans leur carapace,
On les a vus, c'était hier, Qui descendaient jeunes et fiers, Le boulevard du temps qui passe.

 

LE MODESTE


Do                                   Do7M         Do7                           Fa                      Rém7     Sol7         Do
Les pays, c'est pas ça qui manque, On vient au monde à Salamanque, A Paris, Bordeaux, Lille, Brest(e).
       Do              Do7M  Do7                        Fa                      Do Sol7 Do
Lui, la nativité le prit, Du côté des Saintes-Maries, C'est un modeste.

Comme jadis a fait un roi, Il serait bien fichu, je crois, De donner le trône et le reste,
Contre un seul cheval camarguais, Bancal, vieux, borgne, fatigué, C'est un modeste.

Suivi de son pin parasol, S'il fuit sans même toucher le sol, Le moindre effort comme la peste,
C'est qu'au chantier ses bras d'Hercule, Rendraient les autres ridicules, C'est un modeste.

A la pétanque, quand il perd, Te fais pas de souci, pépère, Si d'aventure il te conteste.
S'il te boude, s'il te rudoie, Au fond, il est content pour toi, C'est un modeste.

Si, quand un emmerdeur le met, En rogne, on ne le voit jamais, Lever sur l'homme une main leste.
C'est qu'il juge pas nécessaire, D'humilier un adversaire, C'est un modeste.

Et quand il tombe amoureux fou, Y a pas de danger qu'il l'avoue, Les effusions, dame, il déteste.
Selon lui, mettre en plein soleil, Son cœur ou son cul c'est pareil, C'est un modeste.

Quand on enterre un imbécile, De ses amis, s'il raille, s'il, A l'œil sec et ne manifeste,
Aucun chagrin, t'y fie pas trop : Sur la patate, il en a gros, C'est un modeste.

Et s'il te traite d'étranger, Que tu sois de Naples, d'Angers, Ou d'ailleurs, remets pas la veste.
Lui, quand il t'adopte, pardi ! Il veut pas que ce soit le dit, C'est un modeste.

Si tu n'as pas tout du grimaud, Si tu sais lire entre les mots, Entre les faits, entre les gestes.
Lors, tu verras clair dans son jeu, Et que ce bel avantageux, C'est un modeste.

 

DON JUAN


Sim                         Fa#7 Sim                    Fa#7 Sim               Fa#7 Sim                     Fa#7
Gloire à qui freine à mort, de peur d'écrabouiller, Le hérisson perdu, le crapaud fourvoyé,
  Sol                Fa#7  Sol                 Fa#7 Ré                                   Fa#7                 Sim
Et gloire à don Juan, d'avoir un jour souri, A celle à qui les autres n'attachaient aucun prix !
                              Mi       Fa#7 Sim   Mim Fa#7 Sim
Cette fille est trop vilaine, il me la faut

Gloire au flic qui barrait le passage aux autos, Pour laisser traverser les chats de Léautaud !
Et gloire à don Juan d'avoir pris rendez-vous, Avec la délaissée, que l'amour désavoue
Cette fille est trop vilaine, il me la faut

Gloire au premier venu qui passe et qui se tait, Quand la canaille crie : « Haro sur le baudet ! »
Et gloire à don Juan pour ses galants discours, A celle à qui les autres faisaient jamais la cour
Cette fille est trop vilaine, il me la faut

Et gloire à ce curé sauvant son ennemi, Lors du massacre de la Saint-Barthélémy !
Et gloire à don Juan qui couvrit de baisers, La fille que les autres refusaient d'embrasser
Cette fille est trop vilaine, il me la faut

Et gloire à ce soldat qui jeta son fusil, Plutôt que d'achever l'otage à sa merci !
Et gloire à don Juan d'avoir osé trousser, Celle dont le jupon restait toujours baissé
Cette fille est trop vilaine, il me la faut

Gloire à la bonne sœur qui, par temps pas très chaud, Dégela dans sa main le pénis du manchot !
Et gloire à don Juan qui fit reluire un soir, Ce cul déshérité ne sachant que s'asseoir !
Cette fille est trop vilaine, il me la faut

Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint, Se borne à ne pas trop emmerder ses voisins !
Et gloire à don Juan qui rendit femme celle, Qui, sans lui, quelle horreur ! serait morte pucelle !
Cette fille est trop vilaine, il me la faut

 

MÉLANIE


Do         Lam      Sol7      Do               Lam   Sol7          Do
Les chansons de salle de garde, Ont toujours été de mon goût,
        Lam       Sol7             Do                     Lam      Sol7                Do
Et je suis bien malheureux, car de, Nos jours on n'en crée plus beaucoup.
La7                          Ré7              Sol7              Do La7 Ré7 Sol7
Pour ajouter au patrimoine, Folklorique des carabins (bis),
La7                                 Ré7                          Sol7                   La7 Ré7 Sol7 Do Sol7 Do
J'en ai fait une, putain de moine, Plaise à Dieu qu'elle plaise aux copains (bis).

Ancienne enfant d'Marie-salope, Mélanie, la bonne au curé,
Dedans ses trompes de Fallope, S'introduit des cierges sacrés.
Des cierges de cire d'abeille, Plus onéreux, mais bien meilleurs (bis),
Dame ! la qualité se paye, A Saint-Sulpice, comme ailleurs (bis).

Quand son bon maître lui dit : « Est-ce Trop vous demander Mélanie,
De n'user, par délicatesse, Que de cierges non encore bénits ? »
Du tac au tac, elle réplique : « Moi, je préfère qu'ils le soient (bis),
Car je suis bonne catholique », Elle a raison, ça va de soi (bis).

Elle vous emprunte un cierge à Pâques, Vous le rend à la Trinité.
Non, non, non, ne me dites pas que, C'est normal de tant le garder.
Aux obsèques d'un con célèbre, Sur la bière, ayant aperçu (bis),
Un merveilleux cierge funèbre, Elle partit à cheval dessus (bis).

Son mari, pris dans la tempête, La Paimpolaise était en train
De vouer, c'était pas si bête, Un cierge au patron des marins.
Ce pieux flambeau qui vacille, Mélanie se l'est octroyé (bis),
Alors le saint, cet imbécile, Laissa le marin se noyer (bis).

Les bons fidèles qui désirent, Garder pour eux, sur le chemin
Des processions, leur bout de cire, Doivent le tenir à quatre mains,
Car quand elle s'en mêle, sainte vierge, Elle cause un désastre, un malheur (bis).
La Saint-Barthélemy des cierges, C'est le jour de la Chandeleur (bis).

Souvent quand elle les abandonne, Les cierges sont périmés ;
La sainte famille nous le pardonne, Plus moyen de les rallumer.
Comme elle remue, comme elle se cabre, Comme elle fait des soubresauts (bis),
En retournant au candélabre, Ils sont souvent en p'tits morceaux (bis).

Et comme elle n'est pas de glace, Parfois quand elle les restitue
Et qu'on veut les remettre en place, Il sont complètement fondus.
Et comme en outre elle n'est pas franche, Il arrive neuf fois sur dix (bis),
Qu'sur un chandelier à sept branches, Elle n'en rapporte que six (bis).

Mélanie à l'heure dernière, A peu de chances d'être élue ;
Aux culs bénits de cette manière, Aucune espèce de salut.
Aussi, chrétiens, mes très chers frères, C'est notre devoir, il est temps (bis),
De nous employer à soustraire, Cette âme aux griffes de Satan (bis).

Et je propose qu'on achète, Un cierge abondamment béni
Qu'on fera brûler en cachette, En cachette de Mélanie.
En cachette car cette salope, Serait fichue d'se l'enfoncer (bis),
Dedans ses trompes de Fallope, Et tout s'rait à recommencer (bis).

 

LES CASSEUSES


Sib                           Fa7                                                      Sib
Tant qu'elle a besoin du matou, Ma chatte est tendre comme tout,
Sib                                Fa7                                                            Sib
Quand elle est comblée, aussitôt, Elle griffe, elle mord, elle fait l'gros dos.

Refrain :
                   Sol7                  Fa   La         La7                          Sib
Quand vous ne nous les caressez, Pas, chéries, vous nous les cassez.
       Fa           Do7      Fa    Sol7             Do7
Oubliez-les, si faire se peut, Qu'elles se reposent.
                   Do                      Fa   La             La7               Sib
Quand vous nous les dorlotez pas, Vous nous les passez à tabac.
       Fa                           Dom                                 Ré7
Oubliez-les, si faire se peut, Qu'elles se reposent un peu,
                     Sol7 Do7 Fa7
Qu'elles se reposent.

Enamourée, ma femme est douce, Mes amis vous le diront tous.
Après l'étreinte, en moins de deux, Ell' r'devient un bâton merdeux.

Refrain

Dans l'alcôve, on est bien reçus, Par la voisine du dessus.
Une fois son désir assouvi, Ingrate, elle nous les crucifie.

Refrain

Quand elle passe en revue les zouaves, Ma sœur est câline et suave.
Dès que s'achève l'examen, Gare à qui tombe sous sa main.

Refrain

Si tout le monde en ma maison, Reste au lit plus que de raison,
C'est pas qu'on soit lubriques, c'est qu'il, Y a guère que là qu'on est tranquille.

 

CUPIDON S'EN FOUT


Lam                                                                  Do                             Rém
Pour changer en amour notre amourette, Il s'en serait pas fallu de beaucoup 
Mi7                                                            Lam            Sol7              Do           Sib               Mi7             Lam
Mais, ce jour-là, Vénus était distraite, Il est des jours où Cupidon s'en fout, Il est des jours où Cupidon s'en fout

Des jours où il joue les mouches du coche, Où elles sont émoussées dans le bout 
Les flèches courtoises qu'il nous décoche, Il est des jours où Cupidon s'en fout, Il est des jours où Cupidon s'en fout

Se consacrant à d'autres imbéciles, Il n'eut pas l'heur de s'occuper de nous 
Avec son arc et tous ses ustensiles, Il est des jours où Cupidon s'en fout, Il est des jours où Cupidon s'en fout

On a tenté sans lui d'ouvrir la fête, Sur l'herbe tendre, on s'est roulé, mais vous 
Avez perdu la vertu, pas la tête, Il est des jours où Cupidon s'en fout, Il est des jours où Cupidon s'en fout

Si vous m'avez donné toute licence, Le cœur, hélas, n'était pas dans le coup
Le feu sacré brillait par son absence, Il est des jours où Cupidon s'en fout, Il est des jours où Cupidon s'en fout

On effeuilla vingt fois la marguerite, Elle tomba vingt fois sur « pas du tout »
Et notre pauvre idylle a fait faillite, Il est des jours où Cupidon s'en fout, Il est des jours où Cupidon s'en fout

Quand vous irez au bois conter fleurette, Jeunes galants, le ciel soit avec vous 
Je n'eus pas cette chance et le regrette, Il est des jours où Cupidon s'en fout, Il est des jours où Cupidon s'en fout 

 

MONTÉLIMAR


Sim           Fa#7          Sim        Fa#7           Sol       La7          Ré       Si7
Avec leurs gniards, Mignons mignards, Leur beau matou, Leur gros toutou,
       Mim  La7        Ré     Si7            Mim  Fa#7
Les pharisiens, Les béotiens, Les aoûtiens,
         Sim Fa#7      Sim   Fa#7        Sol       La7        Ré         Si7
Dans leur auto, Roulent presto, Tombeau ouvert, Descendant vers
      Mim      La7      Ré           Fa#7        Sim
La grande mare, En passant par, Montélimar.

Refrain :
Mim        Sim Fa#7         Sim              Sim                        Mi        Mim
Dites d'urgence, A ces engeances, De malheur, Et à leurs, Gniards
La7                       Ré      Fa#7                  Sim                           La          Sim
Que chiens, chats, N'aiment, Pas l'nougat, Même, Même celui, D'Montélimar.

Hélas, bientôt, Le mal d'auto, Va déranger, Les passagers.
Le beau matou, Le gros toutou, Pas fiers du tout
- Ça fait frémir -, S'en vont vomir, Et même pis, Sur les tapis,
Et les coussins, A beaux dessins, C'est très malsain.

Refrain

C'est très fâcheux, C'est plus du jeu, Et cætera. Et alors à
Montélimar, On en a marre, Du cauchemar.
Boutant presto, Hors de l'auto, Le beau matou, Le gros toutou,
Ces handicaps, Sur Digne, Gap, On met le cap.

Refrain

Alors tous ces, Petits poucets, Ces beaux matous, Ces gros toutous,
En ribambelle, Ont sans appel, Droit au scalpel.
Les aoûtiens, Les béotiens, Qui font ça n'ont, Pas d'âme, non,
Que leur auto, Bute presto, Contre un poteau !

Refrain

 

HISTOIRE DE FAUSSAIRE


Intro : Sol Solm Fa#7 Sim Mi7 La7 Ré Sol La7

Ré                                                            Fa#7
Se découpant sur champ d'azur, La ferme était fausse bien sûr,
Sim                                                  Ré7
Et le chaume servant de toit, Synthétique comme il se doit.
Sol                                     Solm             Fa#7                Sim
Au bout d'une allée de faux buis, On apercevait un faux puits
      Mi7                                        La7                Ré
Du fond duquel la vérité, N'avait jamais dû remonter.

Et la maîtresse de céans, Dans un habit, ma foi, seyant
De fermière de comédie, A ma rencontre descendit,
Et mon petit bouquet, soudain, Parut terne dans ce jardin
Près des massifs de fausses fleurs, Offrant les plus vives couleurs.

Ayant foulé le faux gazon, Je la suivis dans la maison
Où brillait sans se consumer, Un genre de feu sans fumée.
Face au faux buffet Henri deux, Alignés sur les rayons de
La bibliothèque en faux bois, Faux bouquins achetés au poids.

Faux Aubusson, fausses armures, Faux tableaux de maîtres au mur,
Fausses perles et faux bijoux, Faux grains de beauté sur la joue,
Faux ongles au bout des menottes, Piano jouant des fausses notes
Avec des touches ne devant, Pas leur ivoire aux éléphants.

Aux lueurs des fausses chandelles, Enlevant ses fausses dentelles,
Elle a dit, mais ce n'était pas, Sûr, tu es mon premier faux pas.
Fausse vierge, fausse pudeur, Fausse fièvre, simulateurs,
Ces anges artificiels, Venus d'un faux septième ciel.       Ré Do7

Fa                                                               La7
La seule chose un peu sincère, Dans cette histoire de faussaire
Rém                                                  Fa7
Et contre laquelle il ne faut, Peut-être pas s'inscrire en faux,
Sib                                            Sibm                       La7                      Rém
C'est mon penchant pour elle et mon, Gros point du côté du poumon
Sol7                                                            Do7           Fa
Quand amoureuse elle tomba, D'un vrai marquis de Carabas.

En l'occurrence Cupidon, Se conduisit en faux-jeton,
En véritable faux témoin, Et Vénus aussi, néanmoins

LA MESSE AU PENDU


Do             Rém         Lam                          Mi7          Lam             Sol7         Do
Anticlérical fanatique, Gros mangeur d'ecclésiastiques, Cet aveu me coûte beaucoup,
Solm6                         La7  Rém    Lam                         Mi7               Lam            Mim          Lam
Mais ces hommes d'Église, hélas ! Ne sont pas tous des dégueulasses, Témoin le curé de chez nous.

Quand la foule qui se déchaîne, Pendit un homme au bout d'un chêne, Sans autre forme de remords,
Ce ratichon fit un scandale, Et rugit à travers les stalles, « Mort à toute peine de mort ! »

Puis, on le vit, étrange rite, Qui baptisait les marguerites, Avec l'eau de son bénitier
Et qui prodiguait les hosties, Le pain bénit, l'Eucharistie, Aux petits oiseaux du moutier.

Ensuite, il retroussa ses manches, Prit son goupillon des dimanches, Et, plein d'une sainte colère,
Il partit comme à l'offensive, Dire une grand' messe exclusive, A celui qui dansait en l'air.

C'est à du gibier de potence, Qu'en cette triste circonstance, L'Hommage sacré fut rendu.
Ce jour là, le rôle du Christ(e), Bonne aubaine pour le touriste, Était joué par un pendu.

Et maintenant quand on croasse, Nous, les païens de sa paroisse, C'est pas lui qu'on veut dépriser.
Quand on crie « A bas la calotte », A s'en faire péter la glotte, La sienne n'est jamais visée.

Anticléricaux fanatiques, Gros mangeurs d'ecclésiastiques, Quand vous vous goinfrerez un plat
De cureton, je vous exhorte, Camarades, à faire en sorte, Que ce ne soit pas celui-là.

 

LÈCHE-COCU


Do        Fa                            Do         Sol7                       Do
Comme il chouchoutait les maris, Qu'il les couvrait de flatteries,
           Fa        Do                  Ré7 Sol7      Fa           Sol7         Do
Quand il en pinçait pour leurs femmes, Qu'il avait des cornes au cul,
       Sol                    La7    Fa               Fam       Lam6 Sol7 Do
On l'appelait lèche-cocu. Oyez tous son histoire infâme.

Si l'mari faisait du bateau, Il lui parlait de tirant d'eau,
De voiles, de mâts de misaine, De yacht, de brick et de steamer,
Lui, qui souffrait du mal de mer,
En passant les ponts de la Seine.

Si l'homme était un peu bigot, Lui qui sentait fort le fagot,
Criblait le ciel de patenôtres, Communiait à grand fracas,
Retirant même en certains cas, L'pain bénit d'la bouche d'un autre.

Si l'homme était sergent de ville, En sautoir - mon Dieu, que c'est vil -
Il portait un flic en peluche, Lui qui, sans ménager sa voix,
Criait : « Mort aux vaches » autrefois, Même atteint de la coqueluche.

Si l'homme était un militant, Il prenait sa carte à l'instant
Pour bien se mettre dans sa manche, Biffant ses propres graffiti
Du vendredi, le samedi, Ceux du samedi, le dimanche.

Et si l'homme était dans l'armée, Il entonnait pour le charmer :
« Sambre-et-Meuse » et tout le folklore, Lui, le pacifiste bêlant
Qui fabriquait des cerfs-volants, Avec le drapeau tricolore.

 

LES PATRIOTES


Intro : Do Mi7 Lam Sol7

Do                                     Mi7                                   Lam                                       Sol7                     Do
Les invalides chez nous, l'revers de leur médaille, C'est pas d'être hors d'état courir les filles, cré nom de nom,
Sol7 Do                                        Mi7                              Lam                                    Mi7             Lam
Mais de ne plus pouvoir retourner au champ de bataille, Le rameau d'olivier n'est pas notre symbole, non !
Sol7 Do Mi7 Lam Sol7

Ce que par dessus tout, nos aveuglent déplorent, C'est pas d'être hors d'état d'se rincer l'œil, cré nom de nom,
Mais de ne plus pouvoir lorgner le drapeau tricolore, La ligne bleu des Vosges sera toujours notre horizon.

Et les sourds de chez nous, s'ils sont mélancoliques, C'est pas d'être hors d'état d'ouïr les sirènes, cré nom de nom,
Mais de ne plus pouvoir, entendre au défilé d'la clique, Les échos du tambour de la trompette et du clairon.

Et les muets d'chez nous, c'qui les met mal à l'aise, C'est pas d'être hors d'état d'conter fleurette, cré nom de nom,
Mais de ne plus pouvoir reprendre en cœur la marseillaise, Les chansons martiales sont les seules que nous entonnons.

Ce qui de nos manchots, aigrit le caractère, C'est pas d'être hors d'état d'pincer les fesses, cré nom de nom,
Mais de ne plus pouvoir faire le salut militaire, Jamais un bras d'honneur ne sera notre geste. Non !

Les estropiés d'chez nous, ce qui les rend patraques, C'est pas d'être hors d'état d'courir la gueuse, cré nom de nom,
Mais de ne plus pouvoir participer à une attaque, On rêve de Rosalie, la baïonnette, pas de Ninon

C'qui manque aux amputés, de leurs bijoux d'famille, C'est pas d'être hors d'état d'aimer leur femme, cré nom de nom,
Mais de ne plus pouvoir sabrer les belles ennemies, La colombe de la paix, on l'apprête aux petits oignons.

Quant à nos trépassés, s'ils ont tous l'âme en peine, C'est pas d'être hors d'état d'mourir d'amour, cré nom de nom,
Mais de ne plus pouvoir se faire occire à la prochaine, Au monument au morts, chacun rêve d'avoir son nom.

 

LA VISITE


Lam                                                      Ré7                Sol                   Mi7   Lam
On n'était pas des Barbe-Bleue, Ni des pelés, ni des galeux, Porteurs de parasites.
                                                        Ré7                 Sol                       Ré7 Sol
On n'était pas des spadassins, On venait du pays voisin, On venait en visite.

           Rém                                 Sol7                  Do                 La7 Rém
On n'avait aucune intention, De razzia, de déprédation, Aucun but illicite.
          Rém                                      Sol7                        Do                           Sol7 Do Mi7
On venait pas piller chez eux, On venait pas gober leurs œufs , On venait en visite. On poussait pas des cris d'Indiens, On avançait avec maintien, Et d'un pas qui hésite.
On braquait pas des revolvers, On arrivait les bras ouverts, On venait en visite. 
Mais ils sont rentrés dans leurs trous, Mais ils ont poussé les verrous, Dans un accord tacite.
Ils ont fermé les contrevents, Caché les femmes, les enfants, Refusé la visite. 
On venait pas les sermonner, Tenter de les endoctriner, Pas leur prendre leur site.
On venait leur dire en passant, Un petit bonjour innocent, On venait en visite. 
On venait pour se présenter, On venait pour les fréquenter, Pour qu'ils nous plébiscitent,
Dans l'espérance d'être admis, Et naturalisés amis, On venait en visite. 
Par malchance, ils n'ont pas voulu, De notre amitié superflue, Que rien ne nécessite.
Et l'on a refermé nos mains, Et l'on a rebroussé chemin, Suspendu la visite
Mi7 Lam Rém Lam Mi7 Lam
Suspendu la visite.

 

ÉLÉGIE À UN RAT DE CAVE


Fa             Fa7              Sib6                 Do7                Fa  Sib Do7
Personne n'aurait cru ce cave, Prophétisant que par malheur
Fa                   Fa7         Sib6                 Do7             Fa  Sib Solm Do7
Mon pauvre petit rat de cave, Tu débarquerais avant l'heure
Fa              Fa7                 Sib6                  Do7            Fa  Sib Do7
Tu n'étais pas du genre qui vire, De bord et tous on le savait
Fa                  Fa7       Sib6                  Do7                   Fa  Do
Du genre à quitter le navire, Et tu es la première qui l'aies fait

                                                           Si
Maintenant ma mie qu'on te séquestre, Au sein des cieux
Rém                                                           La7
Que je me déguise en chanteur d'orchestre, Pour tes beaux yeux
Ré7
En partant ma mie je te l'assure, Tu as fichu le noir au fond de nous
Lab                                                                      Sol
Quoiqu'on n'ait pas mis de crêpe sur, Nos putains de binious
Do                                                      Si
On n'm'a jamais vu, faut que tu l'notes, C'est une primeur
Rém                                                             La7
Faire un boeuf avec des croque-notes, C'est en ton honneur
Ré7
Sache aussi qu'en écoutant Béchet(e), Foll'gamberge, on voit la nuit tombée
                          Do                                               Sib     La7
Ton fantôme qui sautille en cachette, Rue du Vieux Colombier
Ré7                    Do                   Sol7                    Do
Ton fantôme qui sautille en cachette, Rue du Vieux Colombier

Sans aucun « Au revoir mes frères », Mais on n't'en veut pas pour autant
Mine de rien tu es allée faire, Ton trou dans les neiges d'antan
Désormais, c'est pas des salades, Parmi Flora, Jeanne, Thaïs
J'inclus ton nom à la ballade, Des belles dames du temps jadis

Maintenant ma mie qu'ta place est faite, Chez les gentils
Qu'tu as r'trouvé pour l'éternelle fête, Papa Zutty
Chauffe la place à tous les vieux potaches, Machin, Chose, et Luter et Longnon
Et ce gras du bide de Moustache, Tes fidèles compagnons
S'il est brave, pourquoi que Dieu le père, Là-haut ferait
Quelque différence entre Saint-Pierre, Et Saint-Germain-des-Prés
De tout cœur on espère que dans ce, Paradis miséricordieux
Brillent pour toi des lendemains qui dansent, Où y a pas de bon Dieu
Brillent pour toi des lendemains qui dansent, Où y a pas de bon Dieu.