4) LES COPAINS D'ABORD

 

TONTON NESTOR


Fa                                                                         Do#
Tonton Nestor, Vous eûtes tort, Je vous le dis tout net.
Rém                                                             La7
Vous avez mis La zizanie Aux noces de Jeannette.
Sib                          La7                         Rém                  Sol7
Je vous l'avoue, Tonton, vous vous, Comportâtes comme un
                                         Do7                             La5+
Mufle achevé, Rustre fieffé, Un homme du commun.

Quand la fiancée, Les yeux baissés, Des larmes pleins les cils,
S'apprêtait à Dire « Oui da ! », A l'officier civil,
Qu'est-c'qui vous prit, Vieux malappris, D'aller, sans retenue,
Faire un pinçon, Cruel en son, Éminence charnue ? Se retournant, Incontinent, Elle souffleta, flic-flac !
L' garçon d'honneur, Qui, par bonheur, Avait une tête à claque,
Mais au lieu du « Oui » attendu, Elle s'écria : « Maman »
Et l'maire lui dit : « Non, mon petit, Ce n'est pas le moment. » Fa Mib7
Lab                                                                                 Mi
Quand la fiancée, Les yeux baissés, D'une voix solennelle
Fam                                                           Do7
S'apprêtait à Dire « Oui da ! », Par-devant l'Éternel,
Ré                            Do7                 Fam         Sib7
Voilà me chef, Que, derechef, Vous osâtes porter
                                           Mib7            Sol5+
Votre fichue, Patte crochue, Sur sa rotondité. Se retournant, Incontinent, Elle moucha le nez
D'un enfant d'chœur, Qui, par bonheur, Était enchifrené,
Mais au lieu du « Oui » attendu, De sa pauvre voix lasse,
Au tonsuré, Désemparé, Elle a dit « Merde », hélas ! Quoiqu'elle usât, Qu'elle abusât, Du droit d'être fessue,
En la pinçant, Mauvais plaisant, Vous nous avez déçus.
Aussi, ma foi, La prochaine fois, Qu'on mariera Jeannette,
                                                                                           Lab
On s'pass'ra d'vous. Tonton, je vous, Je vous le dit tout net.

 

LA BALLADE DES CIMETIÈRES


La5+ : 003220

Lam                     Fa         Mi      Lam                    Sol7 Do Mi7
J'ai des tombeaux en abondance, Des sépultures à discrétion,
Lam                               Fa         Mi      Lam
Dans tout cim'tière d'quelque importance, J'ai ma petite concession.
Lam                     Fa          Mi  Lam                        Sol7 Do Mi7
De l'humble tertre au mausolée, Avec toujours quelqu'un dedans,
Lam                           Fa         Mi   Lam
J'ai des p'tites bosses plein les allées, Et je suis triste, cependant...
La                Fa#7 Sim       Mi7   La         Fa#7 Sim Mi7
Car je n'en ai pas, et ça m'agace, Et ça défrise mon blason,
La      Fa#7 Sim            Mi7      La             La5+          Ré      Lam          Mi7          Lam
Au cimetière du Montparnasse, A quatre pas de ma maison, A quatre pas de ma maison.

J'en possède au Père-Lachaise, A Bagneux, à Thiais, à Pantin,
Et jusque, ne vous en déplaise, Au fond du cimetière marin,
A la ville comme à la campagne, Partout où l'on peut faire un trou,
J'ai même des tombeaux en Espagne, Qu'on me jalouse peu ou prou...
Mais j'n'en ai pas la moindre trace, Le plus humble petit soupçon,
Au cimetière du Montparnasse, A quatre pas de ma maison, A quatre pas de ma maison.

Le jour des morts, je cours, le vole, Je vais infatigablement,
De nécropole en nécropole, De pierre tombale en monument.
On m'entrevoit sous une couronne, D'immortelles à Champerret,
Un peu plus tard, c'est à Charonne, Qu'on m'aperçoit sous un cyprès...
Mais, seul, un fourbe aura l'audace, De dire : « J'l'ai vu à l'horizon,
Du cimetière du Montparnasse, A quatre pas de sa maison, A quatre pas de sa maison ».

Devant l'château d'ma grand-tante, La marquise de Carabas,
Ma sainte famille languit d'attente : Mourra-t-elle, mourra-t-elle pas ?
L'un veut son or, l'autre ses meubles, Qui ses bijoux, qui ses bib'lots,
Qui ses forêts, qui ses immeubles, Qui ses tapis, qui ses tableaux...
Moi je n'implore qu'une grâce, C'est qu'elle passe la morte-saison
Au cimetière du Montparnasse, A quatre pas de ma maison, A quatre pas de ma maison.

Ainsi chantait, la mort dans l'âme, Un jeune homme de bonne tenue,
En train de ranimer la flamme, Du soldat qui lui était connu,
Or, il advint qu'le ciel eut marre de, L'entendre parler de ses caveaux.
Et Dieu fit signe à la camarde, De l'expédier rue Froidevaux...
Mais les croque-morts, qui étaient de Chartres, Funeste erreur de livraison,
Menèrent sa dépouille à Montmartre, De l'autre côté de sa maison, De l'autre côté de sa maison.

 

L'ENTERREMENT DE VERLAINE


Le revois-tu mon âme, ce Boul' Mich' d'autrefois
Et dont le plus beau jour fut un jour de beau froid.
Dieu s'ouvrit-il jamais une voie aussi pure
Au convoi d'un grand mort suivi de miniatures ?

Tous les grognards - petits - de Verlaine étaient là,
Toussotant, Frissonnant, Glissant sur le verglas,
Mais qui suivaient ce mort et la désespérance,
Morte enfin, du Premier Rossignol de la France.

Ou plutôt du second. François de Montcorbier,
Voici belle lurette, en fut le vrai premier.
N'importe ! Lélian, je vous suivrai toujours !
Premier ? Second ? Vous seul, En ce plus froid des jours.

N'importe ! Je suivrai toujours, l'âme enivrée
Ah ! Folle d'une espérance désespérée
Montesquiou-Fezensac et Bibi-la-Purée
Vos deux gardes du corps, entre tous moi dernier.

 

GERMAINE TOURANGELLE


Cette gerbe est pour vous, Manon des jours heureux,
Pour vous cette autre, eh ! Oui, Jeanne des soirs troublants.

Plus souple vers l'azur et déchiré des Sylphes,
Voilà tout un bouquet de roses pour Thérèse.

Où donc est-il son fin petit nez qui renifle ?
Au paradis ? Eh ! Non, cendres au Père-Lachaise.

Plus haut, cet arbre d'eau qui rechute pleureur,
En saule d'Orphélie, est pour vous, Amélie.

Et pour vous ma douceur, ma douleur, ma folie !
Germaine Tourangelle, Ô vous la plus jolie.

Le fluide arc-en-ciel s'égrenant sur mon cœur.

 

LE TEMPS PASSÉ


Fa#7                                Si     Mi7                                             La
Dans les comptes d'apothicaire, Vingt ans, c'est une somme de bonheur
Ré7                                       Sol                        Fa# Sol                 Fa#
Mes vingt ans sont morts à la guerre, De l'autre côté du champ d'honneur
Fa#7                                      Si       Mi7                                             La
Si j'connus un temps de chien, certes, C'est bien le temps de mes vingt ans !
Ré7                              Sol             Fa# Sol                  Fa#    Mi Sol Fa#
Cependant, je pleure sa perte, Il est mort, c'était le bon temps !
Sim                   Mi   Sim         Mi  Sim                         Mi        Sol Ré
Il est toujours joli, le temps passé, Une fois qu'ils ont cassé leur pipe
Sim                          Mi                Sim        Mi  Sim                               Mi        Sol La7 Si
On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés : Les morts sont tous des braves types

Dans ta petite mémoire de lièvre, Bécassine, il t'est souvenu
De notre amour du coin des lèvres, Amour nul et non avenu
Amour d'un sou qui n'allait, certes, Guère plus loin que le bout d'son lit
Cependant, nous pleurons sa perte, Il est mort, il est embelli !
Il est toujours joli, le temps passé, Une fois qu'ils ont cassé leur pipe
On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés : Les morts sont tous des braves types

J'ai mis ma tenue la plus sombre, Et mon masque d'enterrement
Pour conduire au royaume des ombres, Un paquet de vieux ossements
La terre n'a jamais produit, certes, De canaille plus consommée
Cependant, nous pleurons sa perte, Elle est morte, elle est embaumée !
Il est toujours joli, le temps passé, Une fois qu'ils ont cassé leur pipe
On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés : Les morts sont tous des braves types

 

LA FILLE À CENT SOUS


Ré                                       Mim                          Ré                          Mi7 La7
Du temps que je vivais dans le troisième dessous, Ivrogne, immonde, infâme
      Ré                                        Mim                                  Ré                 Mi7 La7 Ré Do7
Un plus soûlaud que moi, contre une pièce de cent sous, M'avait vendu sa femme
            Fa                                   Solm                              Fa               Sol7 Do7
Quand je l'eus mise au lit, quand j'voulus l'étrenner, Quand j'fis voler sa jupe
    Fa                            Solm                       Fa                  Sol7 Do7 Fa La7
Il m'apparut alors qu'j'avais été berné, Dans un marché de dupe

« Remballe tes os, ma mie, et garde tes appas, Tu es bien trop maigrelette
Je suis un bon vivant, ça n'me concerne pas, D'étreindre des squelettes
Retourne à ton mari, qu'il garde les cent sous, J'n'en fais pas une affaire »
Mais elle me répondit, le regard en dessous, « C'est vous que je préfère

J'suis pas bien grosse, fit-elle, d'une voix qui se noue, Mais ce n'est pas ma faute »
Alors, moi, tout ému, j'la pris sur mes genoux, Pour lui compter les côtes
« Toi qu'j'ai payé cent sous, dis-moi quel est ton nom, Ton p'tit nom de baptême ?
- Je m'appelle Ninette. - Eh bien, pauvre Ninon, Console-toi, je t'aime »

Ré                                     Mim                       Ré                 Mi7 La7
Et ce brave sac d'os dont j'n'avais pas voulu, Même pour une thune
      Ré                                Mim                             Ré            Mi7 La7 Ré
M'est entré dans le cœur et n'en sortirait plus, Pour toute une fortune                                                                                                                  Ré                                       Mim                            Ré                       Mi7 La7
Du temps que je vivais dans le troisième dessous, Ivrogne, immonde, infâme
      Ré                                        Mim                                  Ré                 Mi7 La7 Ré
Un plus soûlaud que moi, contre une pièce de cent sous, M'avait vendu sa femme

 

DANS L'EAU DE LA CLAIRE FONTAINE


Do                                 Mi7   Lam                         Do7 
Dans l'eau de la claire fontaine, Elle se baignait toute nue 
Fa                             Mi7   Lam       Mi7               Lam
Une saute de vent soudaine, Jeta ses habits dans les nues 

En détresse, elle me fit signe, Pour la vêtir, d'aller chercher 
Des monceaux de feuilles de vigne, Fleurs de lis ou fleurs d'oranger 

Avec des pétales de roses, Un bout de corsage lui fis 
La belle n'était pas bien grosse, Une seule rose a suffi 

Avec le pampre de la vigne, Un bout de cotillon lui fis 
Mais la belle était si petite, Qu'une seule feuille a suffi 

Elle me tendit ses bras, ses lèvres, Comme pour me remercier 
Je les pris avec tant de fièvre, Qu'elle fut toute déshabillée 

Le jeu dut plaire à l'ingénue, Car, à la fontaine souvent
Elle s'alla baigner toute nue, En priant Dieu qu'il fit du vent
Sol7           Do
Qu'il fit du vent...

 

JE REJOINDRAI MA BELLE


Lam                Si7 Mi7 La7               Rém Sol7                     Do            Rém             Mi7
A l'heure du berger, Au mépris du danger, J'prendrai la passerelle, Pour rejoindre ma belle,
Lam                Si7 Mi7 La7               Rém Sol7                   Do Mi7 Lam
A l'heure du berger, Au mépris du danger, Et nul n'y pourra rien changer.
La7                            Ré7       Sol7                   Do7  Fa               Mi7        Lam
Tombant du haut des nues, La bourrasque est venue, Souffler dessus la passerelle,
La7                            Ré7       Sol7                   Do7  Fa               Mi7        Lam
Tombant du haut des nues, La bourrasque est venue, Les passerelles, il y en a plus.

Lam                  Si7 Mi7 La7                      Rém Sol7                       Do            Rém             Mi7
Si les vents ont cru bon, De me couper les ponts, J'prendrai la balancelle, Pour rejoindre ma belle,
Lam                  Si7 Mi7 La7                      Rém Sol7                       Do Mi7 Lam
Si les vents ont cru bon, De me couper les ponts, J'embarquerai dans l'entrepont.
La7                            Ré7       Sol7            Do7  Fa               Mi7        Lam
Tombant du haut des nues, Les marins sont venus, Lever l'ancre à la balancelle,
La7                            Ré7       Sol7            Do7  Fa               Mi7        Lam
Tombant du haut des nues, Les marins sont venus, Des balancelles, il y en a plus.

Lam                Si7 Mi7 La7                        Rém Sol7                      Do            Rém             Mi7
Si les forbans des eaux, Ont volé mes vaisseaux, Y me pouss'ra des ailes, Pour rejoindre ma belle,
Lam                Si7 Mi7 La7                        Rém Sol7                         Do Mi7 Lam
Si les forbans des eaux, Ont volé mes vaisseaux, J'prendrai le chemin des oiseaux.
La7                     Ré7      Sol7        Do7  Fa                         Mi7        Lam
Les chasseurs à l'affût, Te tireront dessus, Adieu les plumes ! adieu les ailes !
La7                     Ré7      Sol7        Do7  Fa               Mi7        Lam
Les chasseurs à l'affût, Te tireront dessus, De tes amours, y en aura plus.

Lam                Si7 Mi7 La7                         Rém Sol7                Do        Rém             Mi7
Si c'est mon triste lot, De faire un trou dans l'eau, Racontez à la belle, Que je suis mort fidèle,
Lam                Si7 Mi7 La7                             Rém Sol7                   Do Mi7 Lam
Et qu'elle daigne à son tour, Attendre quelques jours, Pour filer de nouvelles amours.

 

SI LE BON DIEU L'AVAIT VOULU


Lam                Sol7       Do            Lam    Sol7  Do             Fa      Mi7     Lam           Mi7                     Lam
Si le Bon Dieu l'avait voulu - Lanturlurette, Lanturlu, J'aurais connu la Cléopâtre, Et je ne t'aurais pas connue.
                     Sol7     Do            Lam          Sol7     Do                Fa       Mi7     Lam                   Mi7             Lam
J'aurais connu la Cléopâtre, Et je ne t'aurais pas connue. Sans ton amour que j'idolâtre, Las ! Que fussé-je devenu ?

Fa                      Mi7           La7                   Ré             Sol7                   Do           Fa7                  Sib
Si le Bon Dieu l'avait voulu, J'aurais connu la Messaline, Agnès, Odette et Mélusine, Et je ne t'aurais pas connue.
Fa                      Mi7             La7                 Ré           Sol7              Do                 Fa7                Sib    Mi7
J'aurais connu la Pompadour, Noémi, Sarah, Rebecca, La Fille du Royal Tambour, et la Mogador et Clara.

Lam                     Sol7        Do             Lam         Sol7  Do             Fa          Mi7     Lam                 Mi7                         Lam
Mais le Bon Dieu n'a pas voulu, Que je connaisse leur amour, Je t'ai connue, tu m'as connu, Gloire à Dieu au plus haut des nues !
                     Sol7       Do                  Lam         Sol7  Do           Fa          Mi7     Lam                 Mi7                         Lam Mi7 Lam
Las ! Que fussé-je devenu, Sans toi la nuit, sans toi le jour, Je t'ai connue, tu m'as connu, Gloire à Dieu au plus haut des nues !

 

LE TEMPS NE FAIT RIEN A L'AFFAIRE


Lam                     Sol                               Fa    Mi     Lam
Quand ils sont tout neufs, qu'ils sortent de l'œuf, du cocon
Lam                           Sol                               Fa    Sol7         Do Mi
Tout les jeunes blancs-becs prennent les vieux mecs pour des cons
Lam                     Sol                     Fa    Mi     Lam
Quand ils sont dev'nus des têtes chenues, des grisons
Lam                       Sol                           Fa   Mim        Lam
Tous les vieux fourneaux prennent les jeunots pour des cons
La7                                     Rém                      Sol7              Do Rém6 Mi
Moi, qui balance entre deux âges, j'leur adresse à tous un message

Refrain :
La                                                                Fa#7        Sim
Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con on est con
Sim                                                                             Mi   Mi5+  La
Qu'on ait vingt ans qu'on soit grand père, quand on est con on est con
La                                                         La7 La5+            Ré
Entre nous plus de controverse, cons caducs ou cons débutants
Ré          Rém6    La              Sim                                  Do#
Petits cons d'la dernière averse, vieux cons des neiges d'antan
Ré           Rém6   La     Fa#7 Sim                 Mi7           Lam (La Mi7 La à la fin)
Petits cons d'la dernière averse, vieux cons des neiges d'antan

Lam                      Sol                        Fa      Mi           Lam
Vous, les cons naissants, les cons innocents, les jeunes cons
Lam              Sol                    Fa    Sol7         Do Mi
Qui, n'le niez pas, prenez les papas pour des cons
Lam                   Sol                   Fa    Mi     Lam
Vous, les cons âgés, les cons usagés, les vieux cons
Lam                 Sol                         Fa   Mim        Lam
Qui, confessez-le, prenez les p'tits bleus pour des cons
La7                          Rém                      Sol7                 Do Rém6 Mi
Méditez l'impartial message, d'un qui balance entre deux âges

Refrain

 

LA COMPLAINTE DES FILLES DE JOIE


Sim                                                        Sol                  Fa#
Bien que ces vaches de bourgeois, Bien que ces vaches de bourgeois
Sim                                                Sol                      Fa#
Les appellent des filles de joie, Les appellent des filles de joie
Ré                                             Mim       Sim      Fa#
C'est pas tous les jours qu'elles rigolent, Parole, parole
Sim                     Mim              Sol7 Fa#7 Sim
C'est pas tous les jours qu'elles rigolent

Car, même avec des pieds de grues, Faire les cents pas le long des rues
C'est fatigant pour les guibolles, Parole, parole
C'est fatigant pour les guibolles

Non seulement elles ont des cors, Des oeils-de-perdrix, mais encor
C'est fou ce qu'elles usent de grolles, Parole, parole
C'est fou ce qu'elles usent de grolles

Y'a des clients, y'a des salauds, Qui se trempent jamais dans l'eau 
Faut pourtant qu'elles les cajolent, Parole, parole 
Faut pourtant qu'elles les cajolent

Qu'elles leur fassent la courte échelle, Pour monter au septième ciel
Les sous, croyez pas qu'elles les volent, Parole, parole
Les sous, croyez pas qu'elles les volent

Elles sont méprisées du public, Elles sont bousculées par les flics
Et menacées de la vérole, Parole, parole
Et menacées de la vérole

Bien qu'toute la vie elles fassent l'amour, Qu'elles se marient vingt fois par jour
La noce est jamais pour leur fiole, Parole, parole
La noce est jamais pour leur fiole

Fils de pécore et de minus, Ris par de la pauvre Vénus
La pauvre vieille casserole, Parole, parole
La pauvre vieille casserole

Il s'en fallait de peu, mon cher, Que cette putain ne fût ta mère
Cette putain dont tu rigoles, Parole, parole
Cette putain dont tu rigoles 

 

LES TROMPETTES DE LA RENOMMÉE


   Lam                         Si7         Mim     La7                Rém Sol7               Do
Je vivais à l'écart de la place publique, Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique
    Fa                Sib     Mi7             Lam        Rém               Lam         Si7                   Mi7
Refusant d'acquitter la rançon de la gloire, Sur mon brin de laurier je dormais comme un loir
     Lam                              Si7                    Mim            La7              Rém     Sol7                      Do
Les gens de bon conseil ont su me faire comprendre, Qu'à l'homme de la rue j'avais des comptes à rendre
   Fa                            Sib          Mi7            Lam                                      Si7                Mi7      Lam
Et que, sous peine de choir dans un oubli complet, J'devais mettre au grand jour tous mes petits secrets
        Do         Mi7                         Lam       Mim           Lam
Trompettes de la Renommée, Vous êtes bien mal embouchées

Manquant à la pudeur la plus élémentaire, Dois-je, pour les besoins d'la cause publicitaire
Divulguer avec qui, et dans quelle position, Je plonge dans le stupre et la fornication
Si je publie les noms, combien de Pénélopes, Passeront illico pour de fieffées salopes
Combien de bons amis me r'gard'ront de travers, Combien je recevrai de coups de revolver
Trompettes de la Renommée, Vous êtes bien mal embouchées

A toute exhibition, ma nature est rétive, Souffrant d'une modestie quasiment maladive
Je ne fais voir mes organes procréateurs, A personne, excepté mes femmes et mes docteurs
Dois-je, pour défrayer la chronique des scandales, Battre l'tambour avec mes parties génitales
Dois-je les arborer plus ostensiblement, Comme un enfant de chœur porte un saint sacrement
Trompettes de la Renommée, Vous êtes bien mal embouchées

Une femme du monde, et qui souvent me laisse, Faire mes quat' voluptés dans ses quartiers d'noblesse
M'a sournois'ment passé, sur son divan de soie, Des parasites du plus bas étage qui soit
Sous prétexte de bruit, sous couleur de réclame, Ai-j' le droit de ternir l'honneur de cette dame
En criant sur les toits, et sur l'air des lampions, « Madame la marquise m'a foutu des morpions »
Trompettes de la Renommée, Vous êtes bien mal embouchées

Le ciel en soit loué, je vis en bonne entente, Avec le Père Duval, la calotte chantante
Lui, le catéchumène, et moi, l'énergumène, Il me laisse dire merde, je lui laisse dire amen
En accord avec lui, dois-je écrire dans la presse, Qu'un soir je l'ai surpris aux genoux d'ma maîtresse
Chantant la mélopée d'une voix qui susurre, Tandis qu'elle lui cherchait des poux dans la tonsure
Trompettes de la Renommée, Vous êtes bien mal embouchées

Avec qui, ventrebleu, faut-il que je couche, Pour faire parler un peu la déesse aux cent bouches
Faut-il qu'une femme célèbre, une étoile, une star, Vienne prendre entre mes bras la place de ma guitare
Pour exciter le peuple et les folliculaires, Qui est-ce qui veut me prêter sa croupe populaire
Qui'est-ce qui veut m'laisser faire, in naturalibus, Un p'tit peu d'alpinisme sur son mont de Vénus
Trompettes de la Renommée, Vous êtes bien mal embouchées

Sonneraient-elles plus fort, ces divines trompettes, Si, comme tout un chacun, j'étais un peu tapette
Si je me déhanchais comme une demoiselle, Et prenais tout à coup des allures de gazelle
Mais je ne sache pas qu'ça profite à ces drôles, De jouer le jeu d'l'amour en inversant les rôles
Qu'ça confère à leur gloire une once de plus-value, Le crime pédérastique, aujourd'hui, ne paie plus
Trompettes de la Renommée, Vous êtes bien mal embouchées

Après c'tour d'horizon des mille et une recettes, Qui vous valent à coup sûr les honneurs des gazettes
J'aime mieux m'en tenir à ma première façon, Et me gratter le ventre en chantant des chansons
Si le public en veut, je les sors dare-dare, S'il n'en veut pas, je les remets dans ma guitare
Refusant d'acquitter la rançon de la gloire, Sur mon brin de laurier je m'endors comme un loir
Trompettes de la Renommée, Vous êtes bien mal embouchées

 

LA GUERRE DE 14-18



Depuis que l'homme écrit l'Histoire, Depuis qu'il bataille à cœur joie
                                           Ré7  
Entre mille et une guerres notoires, Si j'étais t'nu de faire un choix
         Sol           La7     Ré                 Sol    Do#7    Fa#m
A l'encontre du vieil Homère, Je déclarerais tout de suite :
Ré7                Sol        La7      Sim7 Si7                  Mim   La7         Ré
« Moi, mon colon, celle que j'préfère, C'est la guerre de quatorze-dix-huit ! »,
Ré7                Sol        La7      Sim7  Ré                  Mim   La7         Ré
« Moi, mon colon, celle que j'préfère, C'est la guerre de quatorze-dix-huit ! »

Est-ce à dire que je méprise, Les nobles guerres de jadis
Que je m'soucie comme d'une cerise, De celle de soixante-dix ?
Au contraire, je la révère, Et lui donne un satisfecit
Mais, mon colon, celle que j'préfère, C'est la guerre de quatorze-dix-huit,
Mais, mon colon, celle que j'préfère, C'est la guerre de quatorze-dix-huit

Je sais que les guerriers de Sparte, Plantaient pas leurs épées dans l'eau
Que les grognards de Bonaparte, Tiraient pas leur poudre aux moineaux
Leurs faits d'armes sont légendaires, Au garde-à-vous, je les félicite
Mais, mon colon, celle que j'préfère, C'est la guerre de quatorze-dix-huit,
Mais, mon colon, celle que j'préfère, C'est la guerre de quatorze-dix-huit

Bien sûr, celle de l'an quarante, Ne m'a pas tout à fait déçu
Elle fut longue et massacrante, Et je ne crache pas dessus
Mais à mon sens, elle ne vaut guère, Guère plus qu'un premier accessit
Moi, mon colon, celle que j' préfère, C'est la guerre de quatorze-dix-huit,
Mais, mon colon, celle que j'préfère, C'est la guerre de quatorze-dix-huit

Mon but n'est pas de chercher noise, Aux guérillas, non, fichtre, non
Guerres saintes, guerres sournoises, Qui n'osent pas dire leur nom,
Chacune a quelque chose pour plaire, Chacune a son petit mérite
Mais, mon colon, celle que j'préfère, C'est la guerre de quatorze-dix-huit,
Mais, mon colon, celle que j'préfère, C'est la guerre de quatorze-dix-huit

Du fond de son sac à malices, Mars va sans doute, à l'occasion,
En sortir une, un vrai délice, Qui me fera grosse impression
En attendant je persévère, A dire que ma guerre favorite
Celle, mon colon, que j'voudrais faire, C'est la guerre de quatorze-dix-huit,
Celle, mon colon, que j'voudrais faire, C'est la guerre de quatorze-dix-huit

 

LA MARGUERITE


La                              Mi7     La
La petite, Marguerite, Est tombée,
                                     Mi7    La  La7
Singulière, Du bréviaire, De l'abbé
Ré                                      La
Trois pétales, De scandale, Sur l'autel,
Sim           Mi7            Fa#7
Indiscrète, Pâquerette, D'où vient-elle ?
Sim                Mi7              La
Trois pétales, De scandale, Sur l'autel,
Sim           Mi7            La
Indiscrète, Pâquerette, D'où vient-elle ?

Dans l'enceinte, Sacro-sainte, Quel émoi,
Quelle affaire, Oui, ma chère, Croyez-moi,
La frivole, Fleur qui vole, Arrive en,
Contrebande, Des plates-bandes, Du couvent,
La frivole, Fleur qui vole, Arrive en,
Contrebande, Des plates-bandes, Du couvent

Notre Père, Qui, j'espère, Êtes aux cieux,
N'ayez cure, Des murmures, Malicieux,
La légère, Fleur, peuchère, Ne vient pas,
De nonnettes, De cornettes, En sabbat,
La légère, Fleur, peuchère, Ne vient pas,
De nonnettes, De cornettes, En sabbat

Sachez, diantre, Qu'un jour, entre, Deux ave,
Sur la pierre, D'un calvaire, Il l'a trouvée,
Et l'a mise, Chose admise, Par le ciel,
Sans ambages, Dans les pages, Du missel,
Et l'a mise, Chose admise, Par le ciel,
Sans ambages, Dans les pages, Du missel

Que ces messes, Basses cessent, Je vous en prie,
Non, le prêtre, N'est pas traître, A Marie,
Que personne, Ne soupçonne, Puis jamais,
La petite, Marguerite, Ah ! ça mais...
Que personne, Ne soupçonne, Puis jamais,
La petite, Marguerite, Ah ! ça mais...

 

JEANNE


Sim   Mim        Fa#7 Mim                          Fa#                 Mim         Fa#
Chez Jeanne, la Jeanne, Son auberge est ouverte aux gens sans feu ni lieu
             Mim                      Sim           Fa#7                               Mim Fa#
On pourrait l'appeler l'auberge du Bon Dieu, S'il n'en existait déjà une
     Sim                   La             Sol                Fa#7                     Do#7 Fa#7 Mim Sim
La dernière où l'on peut entrer, Sans frapper sans montrer patte blanche.

         Mim        Fa#7 Mim                          Fa#                 Mim         Fa#
Chez Jeanne, la Jeanne, On est n'importe qui on vient n'importe quand
             Mim                      Sim           Fa#7                               Mim Fa#
Et comme par miracle par enchantement, On fait partie de la famille
     Sim                   La             Sol                Fa#7                     Do#7 Fa#7 Mim Sim
Dans son cœur en s'poussant un peu, Reste encore une petite place.

         Mim        Fa#7 Mim                          Fa#                 Mim         Fa#
La Jeanne, la Jeanne, Elle est pauvre et sa table est souvent mal servie
             Mim                      Sim           Fa#7                               Mim Fa#
Mais le peu qu'on y trouve assouvit pour la vie, Par la façon qu'elle le donne
     Sim                   La             Sol                Fa#7                     Do#7 Fa#7 Mim Sim
Son pain ressemble à du gâteau, Et son eau à du vin comme deux gouttes d'eau.

         Mim        Fa#7 Mim                          Fa#                 Mim         Fa#
La Jeanne, la Jeanne, On la paie quand on peut des prix mirobolants
             Mim                      Sim           Fa#7                               Mim Fa#
Un baiser sur son front ou sur ses cheveux blancs, Un semblant d'accord de guitare
     Sim                   La             Sol                Fa#7                     Do#7 Fa#7 Mim Sim
L'adresse d'un chat échaudé, Ou d'un chien tout crotté comme pourboire.

         Mim        Fa#7 Mim                          Fa#                 Mim         Fa#
La Jeanne, la Jeanne, Dans ses roses et ses choux n'a pas trouvé d'enfant
             Mim                      Sim           Fa#7                               Mim Fa#
Qu'on aime et qu'on défend contre les quatre vents, Et qu'on accroche à son corsage
     Sim                   La             Sol                Fa#7                     Do#7 Fa#7 Mim Sim
Et qu'on arrose avec son lait, D'autres qu'elle en seraient toutes chagrines.

         Mim        Fa#7 Mim                          Fa#                 Mim         Fa#
Mais Jeanne, la Jeanne, Ne s'en soucie pas plus que de colin-tampon
             Mim                      Sim           Fa#7                               Mim Fa#
Être mère de trois poulpiquets à quoi bon, Quand elle est mère universelle
     Sim                   La             Sol                Fa#7                     Do#7 Fa#7 Mim Sim
Quand tous les enfants de la terre, De la mer et du ciel sont à elle.

 

LES AMOURS D'ANTAN


Ré                                                         Do#m
Moi, mes amours d'antan c'était de la grisette,
Mim                                                            Fa#7
Margot, la blanche caille, et Fanchon, la cousette,
Mi7                                                        La   La7
Pas la moindre noblesse, excusez-moi du peu,
Ré                                                         Do#m
C'étaient, me direz-vous, de grâces roturières,
Mim                                                            Fa#7
Des nymphes de ruisseau, des Vénus de barrière,
Mi7                                                                     La   La7
Mon prince, on a les dames du temps jadis qu'on peut... Car le cœur à vingt ans se pose où l'œil se pose,
Le premier cotillon venu vous en impose,
La plus humble bergère est un morceau de roi.
Ça manquait de marquise, on connut la soubrette,
Faute de fleur de lys on eut la pâquerette,
Au printemps Cupidon fait flèche de tout bois... On rencontrait la belle aux Puces, le dimanche :
« Je te plais, tu me plais » et c'était dans la manche,
Et les grands sentiments n'étaient pas de rigueur.
« Je te plais, tu me plais, viens donc beau militaire. »
Dans un train de banlieue on partait pour Cythère,
On n'était pas tenu même d'apporter son cœur... Mimi, de prime abord, payait guère de mine,
Chez son fourreur sans doute on ignorait l'hermine,
Son habit sortait point de l'atelier d'un dieu...
Mais quand, par-dessus le moulin de la Galette,
Elle jetait pour vous sa parure simplette,
C'est Psychée toute entière qui vous sautait aux yeux. Au second rendez-vous y'avait parfois personne,
Elle avait fait faux bond, la petite amazone,
Mais l'on ne courait pas se pendre pour autant...
La marguerite commencée avec Suzette,
On finissait de l'effeuiller avec Lisette
Et l'amour y trouvait quand même son content. C'étaient, me direz-vous, des grâces roturières,
Des nymphes de ruisseau, des Vénus de barrière,
Mais c'étaient mes amours, excusez-moi du peu,
Des Manon, des Mimi, des Suzon, des Lisette,
Margot la blanche caille, et Fanchon, la cousette,
Mon prince, on a les dames du temps jadis qu'on peut...

 

MARQUISE


La5+ : 003221, Mi5+ : 022110

Intro : La La5+ Ré

La                                               La5+                Ré
Marquise, si mon visage, A quelques traits un peu vieux,
Si7                                 Mi                Mi5+                   La
Souvenez-vous qu'à mon âge, Vous ne vaudrez guère mieux.
La                                               La5+                Ré
Marquise, si mon visage, A quelques traits un peu vieux,
Do#7                             Fa#m Si7                  Mi         La
Souvenez-vous qu'à mon âge, Vous ne vaudrez guère mieux.
 

Le temps aux plus belles choses, Se plaîst à faire un affront :
Et saura faner vos roses, Comme il a ridé mon front.
(bis)

Le mesme cours des planètes, Règle nos jours et nos nuits :
On a vu ce que vous estes ; Vous serez ce que je suis.
(bis)

Ré                                                           Do#7           Fa#m
Peut-être que je serai vieille, Répond Marquise, cependant
Fa#m          Sim  Mi                 La      Fa#m     Sim     Mi          La
J'ai vingt-six ans, mon vieux Corneille, Et je t'emmerde en attendant.
La5+           Ré    Do#7            Fa#m                 Si7      Mi       La
J'ai vingt-six ans, mon vieux Corneille, Et je t'emmerde en attendant.

fin comme intro.

 

L'ASSASSINAT


Sim              Mim   Fa#7 Sim            La7       Ré
C'est pas seulement à Paris, Que le crime fleurit
Sim            Ré                  Do#                  Sim
Nous, au village, aussi, l'on a, De beaux assassinats
Sim            Ré                  Do#                  Sim Fa#m Sim
Nous, au village, aussi, l'on a, De beaux assassinats

Il avait la tête chenue, Et le cœur ingénu
Il eut un retour de printemps, Pour une de vingt ans
Il eut un retour de printemps, Pour une de vingt ans

Mais la chair fraîche, la tendre chair, Mon vieux, ça coûte cher
Au bout de cinq à six baisers, Son or fut épuisé
Au bout de cinq à six baisers, Son or fut épuisé

Quand sa menotte elle a tendue, Triste, il a répondu
Qu'il était pauvre comme Job, Elle a remis sa robe
Qu'il était pauvre comme Job, Elle a remis sa robe

Elle alla quérir son coquin, Qu'avait l'appât du gain
Sont revenus chez le grigou, Faire un bien mauvais coup
Sont revenus chez le grigou, Faire un bien mauvais coup

Et pendant qu'il le lui tenait, Elle l'assassinait
On dit que, quand il expira, La langue elle lui montra
On dit que, quand il expira, La langue elle lui montra

Mirent tout sens dessus dessous, Trouvèrent pas un sou
Mais des lettres de créanciers, Mais des saisies d'huissiers
Mais des lettres de créanciers, Mais des saisies d'huissiers

Alors, prise d'un vrai remords, Elle eut chagrin du mort
Et, sur lui, tombant à genoux, Elle dit : « Pardonne-nous ! »
Et, sur lui, tombant à genoux, Elle dit : « Pardonne-nous ! »

Quand les gendarmes sont arrivés, En pleurs ils l'ont trouvée
C'est une larme au fond des yeux, Qui lui valut les cieux
C'est une larme au fond des yeux, Qui lui valut les cieux

Et le matin qu'on la pendit, Elle fut en paradis
Certains dévots, depuis ce temps, Sont un peu mécontents
Certains dévots, depuis ce temps, Sont un peu mécontents

C'est pas seulement à Paris, Que le crime fleurit
Nous, au village, aussi, l'on a, De beaux assassinats
Nous, au village, aussi, l'on a, De beaux assassinats

 

LES COPAINS D'ABORD


Do
Non ce n'était pas le radeau, De la méduse ce bateau,
                   Ré
Qu'on se le dise au fond des ports, Dise au fond des ports
          Fa                                                Mi
Il naviguait en père peinard, Sur la grand-mare des canards
                   Lam                Ré               Sol7      Do
Et s'appelait les copains d'abord, Les copains d'abord

Ses « fluctuat nec mergitur », C'était pas d'la littérature
N'en déplaise aux jeteurs de sorts, Aux jeteurs de sorts
Son capitaine et ses matelots, N'étaient pas des enfants d'salauds
Mais des amis franco de port, Des copains d'abord

C'étaient pas des amis de luxe, Des petits Castor et Pollux
Des gens de Sodome et Gomorrhe, Sodome et Gomorrhe
C'étaient pas des amis choisis, Par Montaigne et la Boétie
Sur le ventre ils se tapaient fort, Les copains d'abord

C'étaient pas des anges non plus, L'évangile ils l'avaient pas lu
Mais ils s'aimaient toutes voiles dehors, Toutes voiles dehors
Jean, Pierre, Paul et compagnie, C'était leur seule litanie
Leur credo leur confiteor, Aux copains d'abord

Au moindre coup de Trafalgar, C'est l'amitié qui prenait l'quart
C'est elle qui leur montrait le nord, Leur montrait le nord
Et quand ils étaient en détresse, Qu'leurs bras lançaient des S.O.S.
On aurait dit des sémaphores, Les copains d'abord

Au rendez-vous des bons copains, Y avait pas souvent de lapins
Quand l'un d'entre eux manquait à bord, C'est qu'il était mort
Oui mais jamais au grand jamais, Son trou dans l'eau n'se refermait
Cent ans après coquin de sort, Il manquait encore

Des  bateaux j'en ai pris beaucoup, Mais le seul qui ait tenu le coup
Qui n'ait jamais viré de bord, Mais viré de bord
Naviguait en père peinard, Sur la grand-mare des canards
Et s'appelait les copains d'abord, Les copains d'abord

 

LES QUAT'ZARTS


Rém                                                         Sol7                    Do     La7              Rém
Les copains affligés, les copines en pleurs, La boite à Dominos, enfouie sous les fleurs
                                                                  Sol7                      Do Lam Ré7 Sol7   Do    Do7
Tout le monde équipé de sa tenue de deuil, La farce était bien bonne et valait le coup d'œil
         Fa                               Si7                    Mim Lam                                   Ré7 Sol7 Do La7
Les quat'zarts avaient fait les choses comme il faut : L'enterrement paraissait officiel. Bravo !

Le mort ne chantait pas : « Ah c'qu'on s'emmerde ici ! » Il prenait son trépas à cœur cette fois ci.
Et les bonhommes chargés, de la levée du corps, Ne chantaient pas non plus : « Saint Éloi bande encore ! ».
Les quat'zarts avaient fait les choses comme il faut : Le macchabée semblait tout à fait mort. Bravo !

Ce n'étaient pas du tout des filles en tutu, Avec des fesses à claques et des chapeaux pointus
Les commères choisies pour le cordon du poêle, Et nul ne leur criait :« A poil ! A poil ! A poil ! »
Les quat'zarts avaient fait les choses comme il faut : Les pleureuses sanglotaient pour de bon. Bravo !

Le curé n'avait pas un goupillon factice, Un de ces goupillons en forme de phallus,
Et quand il y alla de ses De Profondis, L'enfant de cœur répliqua pas morpionibus
Les quat'zarts avaient fait les choses comme il faut : Le curé venait pas de Camaret. Bravo !

On descendit la bière, et je fut bien déçu, La blague maintenant frisait le mauvais goût,
Car le mort se laissa jeter la terre dessus, Sans lever le couvercle en s'écriant : « Coucou ! »
Les quat'zarts avaient fait les choses comme il faut : Le cercueil n'était pas à double fond. Bravo !

Quand tout fut consommé, je leur ai dit : « Messieurs, Allons faire à présent la tournée des boxons »
Mais ils m'ont regardé avec de pauvres yeux, Puis ils m'ont embrassé d'une étrange façon.
Les quat'zarts avaient fait les choses comme il faut : Leur compassion semblait venir du cœur. Bravo !

Quand je suis ressorti de ce champ de navets, L'ombre de l'ici gît, pas à pas me suivait,
Une petite croix de trois fois rien du tout, Faisant à elle seule de l'ombre un peu partout.
Les quat'zarts avaient fait les choses comme il faut : Les revenants s'en mêlaient à leur tour. Bravo !

J'ai compris ma méprise un petit peu plus tard, Quand allumant ma pipe avec le faire-part,
J'm'aperçu que mon nom, comme celui d'un bourgeois, Occupait sur la liste une place de choix.
Les quat'zarts avaient fait les choses comme il faut : J'étais le plus proche parent du défunt. Bravo !

Adieu les faux tibias, les crânes de carton, Plus de marche funèbre, au son des mirlitons.
Au grand bal des quat'zarts, nous n'irons plus danser, Les vrais enterrements viennent de commencer
Nous n'irons plus danser au grand bal des quat'zarts, Viens pépère on va se ranger des corbillards. (bis)

 

LE PETIT JOUEUR DE FLÛTEAU


Ré   Sim    La7         Ré       Sim           La7           Ré
Le petit joueur de flûteau, Menait la musique au château,
Ré        Sim   La7            Ré         Sim     La7         Ré
Pour la grâce de ses chansons, Le roi lui offrit un blason
         Mim       Sim7 Fa#7          Mim  Sim      La7
Je ne veux pas être noble, Répondit le croque-note
Ré    Mim   La7       Ré  Sim      Sol      La7       Lam6
Avec un blason à la clé, Mon « la » se mettrait à gonfler
Si7     Mim   Fa#7   Sim   Ré     Mi7    La7        Ré
On dirait par tout le pays, Le joueur de flûte a trahi

Et mon pauvre petit clocher, Me semblerait trop bas perché
Je ne plierais plus les genoux, Devant le bon Dieu de chez nous
Il faudrait à ma grande âme, Tous les saints de Notre-Dame
Avec un évêque à la clé, Mon « la » se mettrait à gonfler
On dirait par tout le pays, Le joueur de flûte a trahi

Et la chambre où j'ai vu la jour, Me serait un triste séjour
Je quitterais mon lit mesquin, Pour une couche à baldaquin
Je changerais ma chaumière, Pour une gentilhommière
Avec un manoir à la clé, Mon « la » se mettrait à gonfler
On dirait par tout le pays, Le joueur de flûte a trahi

Je serais honteux de mon sang, Des aïeux de qui je descends
On me verrait bouder dessus, La branche dont je suis issu
Je voudrais un magnifique, Arbre généalogique
Avec du sang bleu à la clé, Mon « la » se mettrait à gonfler
On dirait par tout le pays, Le joueur de flûte a trahi

Je ne voudrais plus épouser, Ma promise, ma fiancée
Je ne donnerais pas mon nom, A une quelconque Ninon
Il me faudrait pour compagne, La fille d'un grand d'Espagne
Avec une princesse à la clé, Mon « la » se mettrait à gonfler
On dirait par tout le pays, Le joueur de flûte a trahi

Le petit joueur de flûteau, Fit la révérence au château
Sans armoiries, sans parchemin, Sans gloire il se mit en chemin
Vers son clocher, sa chaumine, Ses parents et sa promise
Nul ne dise dans le pays, Le joueur de flûte a trahi
Et Dieu reconnaisse pour sien, Le brave petit musicien !